Pablo Iglesias : « Le dogmatisme néolibéral qui a fait tant de mal à l’Europe du Sud a été corrigé »
2020-07-22 09:57:19
Le cofondateur de Podemos, désormais deuxième vice-président du gouvernement espagnol, se félicite du plan de relance européen, destiné à aider les pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19.
Pablo Iglesias, 41 ans, deuxième vice-président du gouvernement de coalition de gauche en Espagne, chargé des droits sociaux, a cofondé et dirige le parti de gauche radicale Podemos (« Nous pouvons »), apparu en 2014 dans la foulée du mouvement des « indignés » espagnols lors de la crise de l’euro.
Il est parvenu en janvier 2020 à s’associer au Parti socialiste, pour former le gouvernement dirigé par Pedro Sanchez, minoritaire au Parlement depuis les élections de novembre 2019, avec 155 députés (sur 350), dont 35 élus de Podemos. Il se réjouit de l’adoption par les Vingt-Sept, mardi 21 juillet, du plan de relance européen, destiné à aider les pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19. Sur les 750 milliards d’euros négocié de haute lutte, quelque 140 milliards, dont une moitié sous forme de subventions, devraient revenir à son pays.
L’Espagne devrait être le principal bénéficiaire, avec l’Italie, du plan de relance européen. Etes-vous satisfait de l’accord ?
C’est un tournant : un renoncement historique de l’Europe à l’austérité et une manière d’affronter la crise économique diamétralement opposée à celle de 2008. Il n’y aura pas d’« hommes en noir » [les fonctionnaires de la « troïka » – Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission – envoyés en Grèce lors de la crise des dettes souveraines], ni de coupes budgétaires. Il y a quelques années, les « eurobonds » et une approche solidaire et commune de la crise économique semblaient inimaginables. Le dogmatisme néolibéral qui a fait tant de mal à l’Europe et à ses populations, en particulier au Sud, a finalement été corrigé.
Le plan de relance impose des réformes. Ne craignez-vous pas que celles-ci mettent à mal votre programme de gouvernement, notamment l’abrogation de la réforme du travail que vous défendez ?
Les conditions posées vont dans le sens d’une transition numérique et climatique, et rien ne va à l’encontre de notre programme de gouvernement. Au contraire, c’est un plan d’expansion budgétaire qui doit donner lieu à des emplois de qualité, avec une bonne protection sociale. Cet accord est un échec pour les défenseurs des politiques néolibérales. Je comprends que cela provoque de la frustration chez ceux qui voulaient un plan d’austérité, mais ce n’est pas ce qui a été signé.