En Inde, un nouveau meurtre d’un journaliste accentue le climat d’insécurité qui pèse sur les intellectuels

  • 2020-07-23 15:18:53
Le pays se situe désormais au 142e rang sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières. Il était journaliste au Jansagar Today, un journal local diffusé en hindi. Il est mort mercredi 22 juillet, quarante-huit heures après avoir été sauvagement attaqué dans les rues de Ghaziabad, une ville située non loin de la capitale, New Delhi, mais rattachée à l’Uttar Pradesh. Alors qu’il roulait à moto lundi, vers 22 h 30, avec ses deux fillettes, pour regagner son domicile, Vikram Joshi, 35 ans, a été brusquement arrêté par plusieurs hommes, qui l’ont obligé à descendre de son deux-roues, puis l’ont roué de coups avant de lui tirer une balle dans la tête. La scène a été filmée par une caméra de vidéosurveillance. Vikram Joshi rejoint la longue liste des journalistes et intellectuels assassinés au cours de ces dernières années en Inde. Neuf personnes ont été arrêtées, mais pas l’auteur du coup de feu mortel. Il est trop tôt pour dire s’il s’agit d’un crime crapuleux ou visant l’activité du journaliste. Les premiers éléments de l’enquête pourraient indiquer que les agresseurs ont agi pour se venger, car quelques jours plus tôt, Vikram Joshi avait porté plainte contre des hommes qui harcelaient sa nièce. Après la mort de leur confrère, des journalistes ont protesté contre l’inaction coupable selon eux de la police, qui n’a rien fait après la plainte. Deux policiers ont été suspendus depuis. Le meurtre suscite l’indignation et souligne le climat d’insécurité en Uttar Pradesh. Cet Etat du nord de l’Inde, le plus peuplé, avec 200 millions d’habitants, est dirigé depuis 2017 par Yogi Adityanath, un moine nationaliste extrémiste, très proche de Narendra Modi, le premier ministre indien. L’opposition cible directement le gouvernement régional. Mayawati Kumari, qui dirigea l’Uttar Pradesh, et Priyanka Gandhi, qui sera candidate en 2022, dénoncent « la loi de la jungle » qui règne dans cet Etat. Selon Mayawati Kumari, le « virus du crime » y est plus actif que le coronavirus. Deux reporters assassinés Les journalistes y sont particulièrement en danger. Il y a un peu plus d’un mois, le 19 juin, Shubham Mani Tripathi, 25 ans, correspondant du Kampu Mail, un quotidien hindiphone, avait été abattu, lui aussi par balles dans la tête, près de Lucknow, la capitale de l’Etat. Avant son assassinat, le journaliste avait fait part sur Facebook mais aussi à la police de menaces, en raison d’une enquête qu’il menait sur des expropriations illégales, liées à la puissante « mafia du sable ». L’association Reporters sans Frontières (RSF) a demandé aux autorités de l’Uttar Pradesh de nommer une équipe indépendante pour enquêter. Mais, dans le passé, les investigations policières n’ont jamais donné de résultat.

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