Au Mali, les militaires discutent avec les manifestants
2020-08-20 19:42:30
Le colonel Assimi Goita prend la tête de la junte, alors que le coup d’Etat est dénoncé par la communauté internationale.
Le flot d’hommes et de femmes en treillis grandit au fur et à mesure que l’on roule. Mieux qu’une signalétique, le kaki devient une source d’assurance que l’on est sur la bonne voie. Puis arrivent les barrages, qui pavent la route jusqu’à l’entrée du camp militaire Soundiata-Keïta de Kati, à 15 kilomètres de Bamako, la capitale du Mali. Les soldats y sont en ordre dispersé, affichent une bonne humeur décontractée, mais fouillent les coffres et contrôlent les identités méticuleusement. Mercredi 19 août, pour la première fois depuis leur apparition pour une courte déclaration, la nuit précédente, à la télévision nationale, les responsables militaires qui ont renversé le pouvoir civil vont se présenter au cours d’une conférence de presse dans leur place forte, à Kati.
La veille, la porte de ce camp de l’armée de terre avait été la destination finale du pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », et de son premier ministre, Boubou Cissé. Ces murs, entre lesquels tout avait commencé le matin même (comme cela avait été le cas lors du coup d’Etat de 2012), abritent aujourd’hui le poste de commandement du groupe d’officiers putschistes qui s’est donné le nom de Comité national pour le salut du peuple (CNSP).
L’atmosphère, dans l’enceinte, semble légère. L’allée principale, déserte, mène tout droit à l’état-major, où se tiennent ceux dont tout le monde parle. Soldats, gendarmes, gradés et hommes du rang sont ici mélangés. A quoi ressemblera la « transition politique civile » destinée à aboutir à des élections, promise par le CNSP dans la nuit de mardi à mercredi ? Pour l’instant, elle démarre sur un exercice de communication, répété en boucle. « Il ne faut pas parler de putsch », insiste un officier au milieu des mutins silencieux, « ce que l’on a fait, c’est la démocratie, le peuple, par le peuple, pour le peuple », avance ce quarantenaire sans donner son nom.