Le principal opposant au président russe, Vladimir Poutine, hospitalisé à Berlin depuis samedi dans un état grave, dispose désormais d’une protection exceptionnelle.
Les médecins allemands ont livré leur diagnostic, et celui-ci confirme la thèse de l’empoisonnement avancée depuis le début par les proches d’Alexeï Navalny : « Les résultats cliniques révèlent une intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase », a annoncé, lundi 24 août, l’hôpital berlinois de la Charité, deux jours après que le principal opposant au président russe, Vladimir Poutine, y eut été transféré depuis la ville sibérienne d’Omsk, à bord d’un avion médicalisé affrété par l’ONG allemande Cinema for Peace.
M. Navalny « se trouve dans une unité de soins intensifs et il est toujours dans un coma artificiel », précise le communiqué de l’hôpital, ajoutant que « son état de santé est grave » mais que « sa vie n’est pas en danger ». Pour la suite, les médecins restent toutefois très prudents. Indiquant que la substance précise qui a intoxiqué le malade « n’a pas encore été identifiée », ils reconnaissent que « des séquelles à long terme, en particulier dans le domaine du système nerveux, ne peuvent être exclues à ce stade ». Son coma dure depuis plus de cinq jours.
Le gouvernement allemand n’a pas attendu le verdict des médecins berlinois, rendu public lundi après-midi, pour se prononcer sur la cause de l’état de M. Navalny, victime d’un malaise, jeudi 20 août, à bord d’un vol commercial en Sibérie. « Le soupçon ne porte pas sur le fait que M. Navalny se soit empoisonné lui-même, mais que quelqu’un ait empoisonné M. Navalny, et le gouvernement prend ce soupçon très au sérieux », a ainsi déclaré Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, lundi matin, face à la presse.
Signe supplémentaire du « sérieux » avec lequel Berlin considère cette affaire : la mise à disposition d’agents de l’Office fédéral de police criminelle (BKA) pour assurer la protection de M. Navalny. « Etant donné qu’il s’agit vraisemblablement d’une attaque au poison, sa protection est nécessaire », a justifié M. Seibert.
Berlin en première ligne
Lundi après-midi, de nouveaux renforts policiers ont ainsi été déployés autour de l’hôpital de la Charité, s’ajoutant à ceux déjà présents depuis samedi matin. Un tel dispositif est exceptionnel : selon une loi de 2017, seuls les membres des « organes constitutionnels » allemands – gouvernement et Parlement – peuvent jouir d’une protection du BKA, ainsi que, « dans des cas très particuliers », des personnalités étrangères « invitées » par l’Etat fédéral.