L’Allemagne exhorte la Grèce et la Turquie à ne pas « jouer avec le feu » en Méditerranée
2020-08-26 13:58:33
La découverte de gisements de gaz au large d’Israël, de l’Egypte, de la Grèce et de Chypre, toutes deux membres de l’Union européenne, a transformé la zone en un point névralgique.
En mission de conciliation en Grèce et en Turquie mardi 25 août, le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, n’a pas mâché ses mots pour persuader ses interlocuteurs de résoudre par le dialogue leurs revendications de souveraineté dans l’est de la Méditerranée, devenue une bombe à retardement.
La situation qui prévaut dans cette région « revient à jouer avec le feu », a prévenu le chef de la diplomatie allemande. La situation est critique. Des exercices militaires rivaux ont lieu actuellement au large de la Crète, un jeu dangereux qui place la région sous la menace d’un conflit. « La moindre étincelle peut conduire à une catastrophe », a mis en garde M. Maas depuis Athènes.
Cette semaine est celle de tous les dangers. Alors qu’Ankara multiplie les déclarations hostiles et les démonstrations de force, la Grèce a entamé lundi des manœuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis dans une portion de mer qui se trouve sur le trajet prévu du navire turc de prospection Oruç-Reis. Les autorités turques ont prévenu que leur bateau explorerait cette zone jusqu’à jeudi, soit trois jours de plus que ce qui avait été initialement prévu.
Des chasseurs F-16 envoyés par les Emirats arabes unis sur la base de Souda, en Crète, vont participer à des exercices aux côtés de la Grèce. Des exercices militaires sont également prévus entre la Grèce, Chypre et la France de mercredi à vendredi. Voici des semaines que des avions militaires grecs et turcs se frôlent au-dessus des îles de la mer Egée.
La Grèce et la Turquie « au bord du précipice »
Le Parlement grec doit aussi ratifier cette semaine l’accord gréco-égyptien de délimitation maritime qui a provoqué la colère d’Ankara, puisqu’il annule l’accord maritime turco-libyen signé en novembre 2019, par lequel la Turquie s’arrogeait de larges portions des zones économiques exclusives grecques et chypriotes. La découverte de gisements de gaz au large d’Israël, de l’Egypte, de la Grèce et de Chypre, toutes deux membres de l’Union européenne, a transformé la zone en un point névralgique, où des alliances se nouent sur fond de rivalité gazière et de démonstration de force militaire.
En bisbille depuis des décennies pour le partage des eaux, du plateau continental et de l’espace aérien, la Grèce et la Turquie sont désormais en rivalité sur la question des ressources énergétiques, au point qu’elles se retrouvent « au bord du précipice, et qu’elles pourraient y tomber », une issue que le chef de la diplomatie allemande, dont le pays préside actuellement l’Union européenne (UE), « veut éviter ».