Présidentielle américaine : deux conventions et deux messages irréconciliables
2020-08-29 14:16:28
Les conventions d’investiture ont mis en scène deux candidats, Joe Biden et Donald Trump, aussi différents que possible.
L’étape des conventions d’investiture est désormais franchie pour la campagne présidentielle américaine du 3 novembre. Celles-ci ont mis en scène deux candidats aussi différents que possible, leur âge et la couleur de leur peau mis à part, ainsi que deux messages irréconciliables.
Pendant les quatre soirées de la convention démocrate, le parti de Joe Biden ne s’est pas contenté de mettre en avant sa diversité et sa féminisation, actées dans les urnes lors des élections de mi-mandat, en 2018. Au prix des grincements de dents de l’aile gauche, il a également donné la parole à d’anciens républicains dont certains divergent avec les démocrates sur des questions sensibles, comme l’avortement, au nom de la priorité donnée à la défaite du président sortant.
Gestion controversée de l’épidémie
Le récit démocrate s’est concentré en effet sur la personnalité de Donald Trump et sur sa gestion controversée de l’épidémie de Covid-19. « Il n’a pas réussi à nous protéger. Il n’a pas réussi à protéger l’Amérique (…), c’est impardonnable », a affirmé Joe Biden, le 20 août. Ce récit a également accordé une large place aux violences policières, en évitant la question des troubles qui les ont accompagnées.
Il a célébré la mémoire du combattant pacifique pour les droits civiques John Lewis, et son mot d’ordre intraduisible de « good trouble » pour faire sauter les verrous. Et il espère que la mobilisation spontanée à laquelle la mort de George Floyd, en mai, par un policier blanc usant de la pression de son genou, à Minneapolis, a donné lieu, se traduira dans les urnes le 3 novembre.
La « reductio ad Trumpum » de l’élection présidentielle avait déjà été l’axe de campagne d’Hillary Clinton en 2016 avec le succès que l’on sait. Mais la candidate démocrate avait également compliqué son destin en classant une partie des électeurs républicains comme irrécupérables. Barack Obama l’avait précédée huit ans plus tôt, avec d’autres mots, mais avec le même mépris de classe apparent.
Dans son discours, Joe Biden a essayé d’éviter l’écueil, promettant « à tous les Américains » de reconstruire un pays « généreux et fort », « altruiste et humble ». Il défend la thèse qu’une défaite de Donald Trump provoquera une telle déflagration au sein du Grand Old Party qu’il sera capable de forger des majorités au Sénat, verrou de toute ambition réformatrice. Mais la vieille garde républicaine avec laquelle il a pu travailler par le passé s’efface inexorablement, remplacée par de jeunes idéologues formés au combat par le mouvement du Tea Party, puis par Donald Trump lui-même.