Les tensions gréco-turques se multiplient autour de Kastellorizo
2020-09-01 18:15:40
La Turquie a exigé, lundi 31 août, que la Grèce retire ses soldats de l’île grecque de Kastellorizo, située à deux kilomètres des côtes turques, l’accusant de « piraterie » et citant un traité de démilitarisation de l’île daté de 1947. La publication, la semaine dernière, de photos de l’AFP montrant des militaires grecs en train d’arriver sur l’île a suscité la colère d’Ankara. « Nous ne permettrons pas une telle provocation près de nos côtes », a déclaré le porte-parole du ministère turc des affaires étrangères, Hami Aksoy.
Le ministère grec de la défense, Nikos Panagiotopoulos, a calmé les esprits en précisant qu’il s’agissait d’une simple rotation de ses effectifs. Près de 300 militaires sont stationnés à Kastellorizo pour une population d’environ 500 habitants. Pour la Grèce, comme pour Chypre, cette île est importante car elle permet aux zones économiques exclusives (ZEE) des deux Etats d’être reliées entre elles.
La délimitation des ZEE oppose la Grèce et la Turquie. La Grèce affirme que les îles doivent être prises en compte dans la délimitation de son plateau continental, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Unclos) qu’elle a signée, contrairement à Ankara. La Turquie estime, pour sa part, que le plateau continental d’un pays doit être mesuré à partir de son continent et que la zone située au sud de Kastellorizo fait donc partie de sa zone exclusive.
Les découvertes récentes de gisements de gaz en Méditerranée s’annoncent prometteuses pour Chypre, Israël et l’Egypte, mais pas pour la Turquie, restée en dehors du droit international, puisqu’elle n’a pas signé la Convention sur le droit de la mer et qu’elle ne reconnaît pas Chypre. Se sentant exclues de la manne gazière, les autorités turques font feu de tout bois pour obtenir un accès aux ressources.
« Un motif de guerre »Des navires turcs multiplient depuis des mois leurs manœuvres exploratoires et militaires dans la zone, au risque d’aggraver les tensions avec le voisin grec qui est aussi le partenaire au sein de l’OTAN. Les efforts de médiation menés par l’Allemagne entre Ankara et Athènes ont échoué au début du mois d’août, après que la Grèce a annoncé la signature d’un accord de délimitation maritime avec l’Egypte qui remet en question un accord signé en novembre 2019 entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli en Libye.
Le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a, de son côté, annoncé la rédaction prochaine d’un projet de loi sur l’« extension de la zone littorale en mer Ionienne », soit l’espace maritime partagé avec l’Italie. L’extension prévue ira de six à douze miles marins (de 11 à 22 kilomètres) comme le prévoit l’Unclos.