« Un mal pour un bien : la crise pourrait rendre plus robuste le cerveau des élèves »
2020-09-02 18:37:15
L’apprentissage des élèves dans des conditions exceptionnelles améliore leur « plasticité cérébrale », leur « flexibilité cognitive » et leurs « capacités d’inhibition », rassure le professeur de psychologie et spécialiste des neurosciences Olivier Houdé.
Tribune. Après la parenthèse des vacances, le 1er septembre, tous les élèves, sauf exceptions locales, sont de retour à l’école, au collège et au lycée, mais pas comme d’habitude. Le contexte sanitaire impose le respect des gestes barrières en permanence et partout. Cette situation inédite pour l’école risque encore de durer à l’automne, comme à l’hiver 2020-2021.
Qui sait de quoi sera fait demain : le risque d’une deuxième vague, des reconfinements ponctuels et donc encore de l’école à la maison ? Mais, en ces temps de crise, on peut néanmoins compter sur la grande capacité d’adaptation du cerveau humain, notamment ses facultés de « vicariance » et d’inhibition. Depuis 300 000 ans, il en a vu d’autres !
En médecine, la notion de « vicariance » désigne la suppléance fonctionnelle d’un organe par un autre. En psychologie différentielle, on appelle « vicariants » des processus cognitifs différents susceptibles de se substituer les uns aux autres et permettant à un individu placé devant un problème adaptatif de le résoudre.
Adaptabilité du cerveau
Durant le confinement, le problème adaptatif majeur des élèves, outre de rester en bonne santé, a été de continuer d’apprendre le programme scolaire dans un nouveau contexte. Plutôt que la pédagogie classique à l’école, verticale, la même pour tous, la solution de substitution a été la télépédagogie à la maison : les « parents-professeurs » et l’autoapprentissage de l’élève par tâtonnement expérimental et autocorrections. C’est précisément de la « vicariance » pédagogique et neuronale ! C’est bon pour le cerveau, cela entraîne sa plasticité.
Une récente enquête du service de statistiques du ministère de l’éducation nationale, menée de mars à mai 2020, a révélé que presque 80 % des professeurs dans le premier degré, de la maternelle au primaire, estiment que les élèves de leur classe ont appris le programme de manière assez ou tout à fait satisfaisante durant la mise en œuvre du dispositif de continuité pédagogique. Ils sont presque autant dans le second degré. Le jugement des parents va dans le même sens. Il reste toutefois à le confirmer objectivement par les évaluations des compétences scolaires des élèves en cette rentrée 2020, comparées à celles des années précédentes.