« Notre système de santé publique a besoin d’un nouveau souffle »
2020-09-03 16:25:44
Quatre responsables de l’établissement Santé publique France exposent, dans une tribune au « Monde », avant le nouveau « Ségur » annoncé par le gouvernement pour l’automne, les pistes à suivre pour améliorer le fonctionnement de cette branche à part entière des politiques sanitaires.
Tribune. Dans notre pays, les grandes réformes du système de santé sont souvent issues de crises sanitaires majeures. L’épidémie de sida et la crise de la transfusion sanguine ont contribué fortement à l’essor de la sécurité et de la démocratie sanitaires.
De même, un événement comme la « crise de la vache folle » – déclenchée à partir de 1996 par l’épizootie d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) – a permis d’importantes avancées en matière de sécurité alimentaire, tandis que la canicule de 2003 a ouvert la voie, lors de chaque nouvelle vague de chaleur, à un « plan national canicule » associant les acteurs de l’Etat et des collectivités dans les territoires.
L’épidémie de Covid-19 n’échappe pas à cette règle. D’ores et déjà, de nombreuses mesures ont été annoncées par un accord conclu le 13 juillet à l’issue du « Ségur de la santé ». Le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, dans son discours de clôture, le 21 juillet, a souhaité la mise en place « d’une santé publique forte pour mieux se préparer et mieux combattre les nouvelles crises qui ne manqueront pas de surgir et qui affecteront la santé des populations ». Une nouvelle grande concertation, dénommée cette fois « Ségur de la santé publique », a été annoncée pour l’automne.
C’est une opportunité unique pour faire progresser harmonieusement les deux piliers de la santé publique que sont la protection contre les risques et l’amélioration de la santé. La pandémie de Covid-19 l’a très bien montré : même si l’ensemble de la population est exposé, l’impact de l’épidémie est bien plus important chez les plus âgés, chez ceux qui ont une moins bonne santé, et ceux qui, socialement, sont les plus vulnérables et démunis.