« Empêtré dans ses courants et ses contradictions, EELV louvoie, recule devant l’obstacle de la présidentielle »

  • 2020-09-22 18:41:44
Relancés après leurs bons scores aux élections européennes et municipales, les responsables d’EELV peinent à se mettre en ordre de bataille pour 2022. Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », analyse les causes de ces difficultés. Chronique. Incendies, inondations… chaque jour qui passe renforce leur discours et pourtant, un doute subsiste. Ont-ils vraiment envie de gagner ? Sont-ils prêts à présider ? De tous les prétendants à l’élection présidentielle de 2022, les Verts sont, sur le papier, les mieux placés pour disputer le trône à Emmanuel Macron. Ils ont la dynamique. Les manifestations de plus en plus visibles du réchauffement climatique servent leur cause, notamment chez les jeunes en quête d’un autre monde. Loin d’être un feu de paille, le score à deux chiffres réalisé par la liste Jadot aux élections européennes de 2019 (13,5 % des suffrages exprimés) a été suivi par une spectaculaire poussée aux élections municipales de 2020. Les Verts ont conquis neuf villes de plus de 30 000 habitants et six de plus de 100 000 habitants. Ils ont mis fin, à Lyon, au long règne de Gérard Collomb et vaincu, à Bordeaux, l’héritier d’Alain Juppé. En dépit de l’effet grossissant qu’a eu sur leur score le niveau record de l’abstention (58,4 % au niveau national, en hausse de 20 points par rapport à 2014), la séquence électorale les a non seulement portés mais transportés dans une autre sphère. En 2017, ils étaient donnés pour morts, victimes des multiples sabordages que le quinquennat Hollande avait provoqués au sein de la gauche, et chez eux en particulier. Eux qui ont toujours eu de la réticence à se salir les mains dans l’exercice du pouvoir. Agir ou protester. Le débat est endémique dans ce petit parti protestataire qui se méfie comme de la peste de la verticalité de la Ve République et n’a jamais brillé à l’élection présidentielle. Absents du rendez-vous de 2017, les Verts n’ont réussi à dépasser qu’une seule fois le seuil des 5 %. C’était en 2002, l’élection maudite pour la gauche, celle qui avait entraîné la disqualification de Lionel Jospin au soir du premier tour.

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