« Pour se hisser au niveau des grandes nations de recherche, la France doit aller vers l’égalité entre les femmes et les hommes »

  • 2020-09-23 14:14:40
Cette question est la grande absente de la loi de programmation de la recherche (LPR). Or, l’alignement de la France sur les standards internationaux ne peut se faire sans une prise en compte de l’égalité femmes-hommes, relève Sandrine Rousseau, présidente de la Conférence permanente égalité diversité. Tribune. La loi de programmation, actuellement en cours d’étude au Parlement, est une loi structurante pour l’enseignement supérieur et la recherche. Par les nouveaux dispositifs de recrutement qu’elle introduit, le renforcement du financement par projets de la recherche, elle a vocation à modifier les parcours professionnels des chercheurs et des chercheuses. Le texte de loi, tel qu’il est présenté aux parlementaires, est aveugle à l’égalité entre les femmes et les hommes. Cet impensé est d’autant plus surprenant que les universités doivent proposer, avant le 31 décembre de cette année, des « plans d’égalité professionnelle ». Enfin, l’alignement de la France sur les standards internationaux en matière de recherche ne peut se faire sans une prise en compte de l’égalité entre les femmes et les hommes, les prochains programmes européens en feront même une condition de financement. Les rapports qui ont précédé la conception de la loi donnent la tonalité de la manière dont la LPR a été pensée. Le mot « chercheuse » en est absent, le terme « femme » cité deux fois au détour de mesures assez vagues. La LPR quant à elle impose les rapports d’égalité professionnelle comme seuls garants d’une réduction des inégalités. L’étude d’impact de la loi est de ce point de vue emblématique. Lutter efficacement contre les inégalités Elle n’évoque aucune des problématiques relatives aux carrières des femmes, marquées par les plafonds de verre, les planchers collants ou révélant dans bien des disciplines un problème de fuite à chaque étape de la progression de carrière. Au lieu de cela, l’étude d’impact ne mentionne les femmes qu’à l’occasion de grossesses éventuelles et de l’impact de la maternité sur la carrière, réduisant ainsi les difficiles parcours des femmes dans la recherche à un simple problème de calendrier relatif à leur fécondité. Aucune réelle étude d’impact n’a donc été faite pour savoir quels seraient les effets de la LPR sur la mixité dans la recherche. Il serait important qu’une réelle étude d’impact soit diligentée sur les questions d’égalité. Nous devons en effet mesurer les conséquences d’une loi qui influencera profondément la recherche des dix ou vingt prochaines années.

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