« Les discriminations et vexations doivent cesser, aussi bien pour les femmes médecins que pour l’avenir de l’hôpital »
2020-09-28 18:25:05
L’hôpital reste un lieu de « misogynie systémique » où les femmes médecins sont trop souvent victimes de discriminations liées à la grossesse, dénoncent Lamia Kerdjana, anesthésiste-réanimatrice, Anna Boctor, pneumo-pédiatre, et un collectif de près de 330 professionnelles de santé.
Le modèle de référence dans la profession médicale est caractérisé par une disponibilité permanente à l’égard des patients et marqué par des horaires extensifs et atypiques. Cela explique que, entre 1930 et 1980, 20 % des femmes médecins étaient célibataires, comme l’indiquait l’économiste Sophie Béjean en 2003. Ce modèle n’a pas disparu, même s’il est remis en cause par la féminisation de la profession et la transformation du rapport au travail.
La question de l’articulation entre la vie personnelle et l’exercice médical se pose désormais avec plus d’acuité chez les femmes médecins ainsi que chez leurs confrères masculins, chez les hospitaliers comme chez les libéraux.
« La chirurgie, ce n’est pas pour les femmes »
Parmi les 8 733 nouveaux inscrits à l’ordre des médecins en 2018, 59 % étaient des femmes. Et si 53 % des postes de praticiens hospitaliers à temps plein sont occupés par des femmes, elles ne représentent pourtant que 22,2 % des effectifs des professeurs d’université, selon les données du Centre national de gestion au 1er janvier 2020. Pourquoi une telle discordance ?
D’abord, il existe un cliché ancré dans l’esprit populaire : une femme est soit secrétaire soit infirmière, mais pas médecin ou chirurgien. Dans une enquête nationale de 2018, sur plus de 3 000 médecins hospitaliers interrogés, 69 % des femmes déclaraient qu’elles auraient fait une carrière différente si elles avaient été un homme et 43 % avoir déjà fait face à de la discrimination liée à leur sexe au travail.