« Les mineurs étrangers ont le sentiment d’être des miraculés et aspirent à l’intégration »

  • 2020-10-05 16:21:12
C’est quand ils voient leur rêve d’insertion s’échapper et cessent d’être suivis par l’Aide sociale à l’enfance que certains mineurs étrangers peuvent se radicaliser, souligne, dans une tribune au « Monde », le sociologue Manuel Boucher, auteur d’une enquête sur la prévention des radicalités musulmanes. Tribune. L’attaque au hachoir survenue le vendredi 25 septembre rue Nicolas-Appert(dernière adresse connue de Charlie Heddo), dans le 11e arrondissement de Paris, a été perpétrée par un jeune ressortissant pakistanais. Se déclarant mineur à son arrivée en France en 2018, l’auteur de l’attentat, âgé de 25 ans, avait bénéficié de la prise en charge du conseil départemental du Val-d’Oise, jusqu’en août 2020, en tant que mineur non accompagné (MNA), catégorie suivie par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et dont le nombre a explosé ces dernières années. Dans ce contexte, les résultats d’une enquête récente sur la prévention des radicalités musulmanes par les travailleurs sociaux de la protection de l’enfance, conduite sous ma direction, apportent des éclairages quant au risque de radicalisation d’une minorité de mineurs étrangers non accompagnés vivant sur le sol français. « Vivre une vie meilleure » En France, les MNA viennent de plusieurs endroits du monde, mais principalement de pays d’Afrique subsaharienne. Néanmoins, quelques-uns sont également issus d’Asie du Sud, en provenance du Bengladesh ou du Pakistan. Ces jeunes se déclarent mineurs même si certains savent qu’ils ne le sont pas, tandis que d’autres ne connaissent pas réellement leur âge. Généralement, les travailleurs sociaux qui les accompagnent notent que les MNA ont migré pour des raisons économiques. Ils migrent parce qu’ils ont été missionnés par leur famille ou leur communauté villageoise et ont le projet de « vivre une vie meilleure » que dans leur pays d’origine.  

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