Energie : « La Chine a trouvé en la cause mondiale du climat un nouveau compagnon de route »
2020-10-07 14:59:07
Avec la neutralité carbone annoncé à l’horizon 2060, Xi jinping présente « l’option nucléaire » de la Chine comme une stratégie de sortie de crise et de relance de ses réformes, explique, dans une tribune au « Monde », le consultant Laurent Malvezin.
Tribune Dans une courte vidéo projetée le 22 septembre dans le cadre du 75e anniversaire de l’ONU, l’objectif affiché par Xi jinping de neutralité carbone en 2060 constitue le signal d’une nouvelle ère de la politique « des réformes et d’ouverture » de la Chine, ainsi qu’une opportunité de réaffirmer sa volonté de leadership sur la scène mondiale.
Si l’on ne peut encore parler de nouvelles ambitions chinoises, car non traduite en termes de politique publique et non inscrite dans le droit avec un cadre législatif qui rendrait ces objectifs contraignants, cette annonce a pris de court les experts du monde entier… y compris en Chine. Cela s’explique par la stratégie réelle poursuivit par le Parti communiste et le contexte politique chinois.
Les questions liées à la lutte contre la pollution, pour l’environnement et le climat ont toujours été considérées par les exécutifs successifs chinois comme autant de leviers secondaires, tant pour réaliser les objectifs prioritaires de montée en gamme industrielle que pour affirmer son leadership politique et diplomatique.
Un nouveau cycle schumpétérien de destruction créatrice
Cependant, ayant échoué à relancer selon ses termes la réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et voyant une partie du monde s’éloigner d’elle, l’exécutif de Xi Jinping a jugé l’option climatique la plus à même, car la plus radicale et à la fois consensuelle, de réengager opportunément le pays sur les plans politique, diplomatique et industriel.
En effet, sur le plan intérieur, l’annonce du numéro un chinois a fait l’effet d’une « bombe » pour beaucoup de responsables… locaux du Parti, de l’administration et des entreprises. Longtemps pointés du doigt par Pékin pour leur indiscipline, leurs pratiques dispendieuses, voire leur opposition aux directives du Parti et de l’Etat central, en matière budgétaire et financière notamment, ils savent désormais qu’ils auront des comptes à rendre dans l’application des nouvelles directives et des décrets-lois en gestation en matière de normes environnementales, antipollution, et de technologies neutres en carbone.