Secoués par l’ère Trump, les Européens veulent conforter leur souveraineté
2020-10-25 14:06:02
Le président américain n’a eu que mépris et ignorance pour le Vieux Continent. Mais l’élection de Biden ne signifierait pas un retour à une alliance souvent mythifiée, alors que les Etats-Unis s’étaient déjà réorientés vers l’Asie sous la présidence Obama.
Quand deux personnes proches sont séparées pendant plusieurs années par un traumatisme, il est vain de croire à des retrouvailles euphoriques. Chacun a vécu sa vie, dans le déni ou le deuil, le manque ou la volonté de se reconstruire. Ces banalités psychologiques s’appliquent à la relation entre les Etats-Unis et les Européens.
Alors que les Américains s’apprêtent à voter dans l’un des scrutins les plus importants de leur histoire, les observateurs sur le Vieux Continent s’accordent sur une double proposition : Biden ou Trump, l’identité du vainqueur importe immensément ; mais l’élection du premier ne signifierait pas un retour aux temps anciens, souvent mythifiés à tort.
L’ère Obama avait déjà témoigné d’une réorientation vers l’Asie des priorités américaines, d’un désinvestissement politique et militaire des crises ukrainienne ou syrienne. Mais la présidence Trump a été, pour les Européens, une succession d’émotions fortes, d’humiliations et de déceptions. Elle a surtout entraîné une prise de conscience collective sans précédent, les poussant enfin à réfléchir et à agir − un peu − en termes de puissance et de souveraineté.
Longtemps, les Européens ont voulu croire dans la force historique de l’alliance avec les Etats-Unis, la permanence de certains principes fondamentaux, comme l’article 5 sur la solidarité entre membres de l’OTAN. Mais il a fallu déchanter. Ce président américain là n’avait que mépris et ignorance pour les affaires européennes. L’Allemagne était vue comme un producteur de voitures trop puissant et pas assez taxé, critiqué pour son projet gazier Nord Stream 2 avec la Russie. Le Royaume-Uni était félicité comme un vassal inventif, en raison du Brexit. Quant à la France…