Présidentielle américaine : « Wall Street, le jour d’après »
2020-11-04 16:58:38
Aux Etats-Unis, la Bourse a l’habitude de prospérer avec un président démocrate et un Congrès divisé entre démocrates et républicains, explique dans sa chronique le correspondant du « Monde » à New York, Arnaud Leparmentier.
Chronique. Le Prix Nobel d’économie Paul Krugman a suffisamment été moqué pour avoir prédit, en 2016, un effondrement des marchés financiers en cas de victoire de Donald Trump, pour s’aventurer à un pronostic, quatre ans plus tard. Mais étant de chronique en cette veille d’élection, il va falloir s’adonner au jeu des prévisions et tenter d’imaginer la réaction de la Bourse ce mercredi 4 novembre.
D’abord, il faut attendre l’ouverture de Wall Street et ne pas se fier à la réaction des Bourses asiatiques et européennes, qui ne comprennent pas grand-chose à l’affaire. En 2016, les « futures », produits financiers censés prédire l’évolution des indices, avaient chuté de 5 %, mais Wall Street avait fini, au lendemain de l’élection, en hausse de 1 %. Le début d’un feu d’artifice, les boursicoteurs ayant compris que Donald Trump allait faire leur fortune.
En cette veille d’élection, les tradeurs américains s’intéressent surtout à un scénario noir, celui de l’absence de vainqueur clair, voire d’élections contestées. Mais il y a vingt ans, il avait fallu attendre le 13 décembre 2000 pour qu’Al Gore concède sa défaite face à George W. Bush, après que la Cour suprême se fut opposée au recompte des bulletins de vote en Floride. La Bourse n’avait perdu que 5 %. Mais cette fois-ci, avec un climat de guerre civile et une incapacité à décider d’un nouveau plan de relance pourtant jugé indispensable par la Réserve fédérale, la situation est différente.
L’hypothèse Trump
L’hypothèse favorable pour la Bourse serait celle d’une victoire de Donald Trump, la plus forte possible, avec un Congrès républicain : poursuite de la déréglementation tous azimuts, nouveau plan de relance, baisse des impôts, taux d’intérêt bas. Tant que l’inflation ne revient pas et qu’aucune puissance ne conteste l’hégémonie du dollar, les affaires reprendront. A en croire les sondages, ce cas est hautement improbable.
Les conséquences d’une victoire de Joe Biden sont plus délicates à anticiper, plusieurs phénomènes contradictoires entrant en jeu : la fin de l’incertitude politique devrait faire monter Wall Street, même s’il faut se méfier, car les marchés ont prévu la victoire, et l’adage boursier – « acheter la rumeur, vendre la nouvelle » – pourrait s’appliquer. Il va aussi falloir gérer l’interrègne : s’il est élu M. Biden ne prendra le pouvoir que le 21 janvier. Le plan de relance, bloqué au Congrès en raison des bisbilles entre démocrates et républicains, se débloquera-t-il, une fois l’élection passée ? Paradoxalement, une dégelée boursière pourrait accélérer cette adoption.