Une menace terroriste désormais plus « endogène » que « projetée » de l’étranger
2020-11-15 21:15:05
Alors que le 13 novembre 2015 a signifié l’acmé d’opérations djihadistes diligentées depuis la zone irako-syrienne, un tel scénario ne s’est jamais reproduit depuis.
Il est désormais établi que le jeune Tunisien de 21 ans, auteur de l’attentat dans une église de Nice, le 29 octobre, qui a fait trois morts, arrivé en Europe par l’île italienne de Lampedusa quelques jours plus tôt, est venu jusqu’en France dans le seul but de « venger » le prophète. Pour autant, les risques d’une menace « projetée » de l’étranger demeureraient secondaires, selon les services chargés de la lutte contre le terrorisme, qui craignent davantage, depuis 2016, le risque venant de l’intérieur, dit « endogène ».
Alors que le 13 novembre 2015 a signifié l’acmé d’opérations djihadistes diligentées depuis la zone irako-syrienne, avec plus d’une dizaine de combattants envoyés en même temps en Europe, un tel scénario ne s’est jamais reproduit depuis. Les attaques qui ont eu lieu ensuite sur le sol français ont pu être pilotées ou inspirées depuis le défunt Califat de l’organisation Etat islamique (EI), mais les individus passés à l’acte n’avaient jamais mis les pieds sur zone.
A deux exceptions près, la longue liste des attentats déjoués ou aboutis survenus depuis étaye cette analyse. Entre 2016 et 2017, beaucoup de candidats au djihad ont été des « velléitaires ». Ils ont tenté ou envisagé d’aller sur zone, mais n’ont jamais réussi. Un risque endogène qui avait fini par être réduit à son minimum et cantonné à des profils psychologiques très perturbés, pensait-on. En particulier depuis fin 2018 et l’attentat contre le marché de Noël de Strasbourg (cinq morts), où l’auteur, Cherif Chekatt, 29 ans, était avant tout un multirécidiviste de droit commun à l’enfance chaotique.