« Sur les réseaux sociaux comme dans la réalité, on observe une radicalisation du débat »

  • 2020-11-24 19:36:41
Plutôt que la modération ou la réglementation, impuissantes, la consultante en communication Claire Gerardin suggère, dans une tribune au « Monde », de répondre au ressentiment qui s’exprime sur les réseaux sociaux. Tribune. Les plates-formes possèdent très peu de moyens pour gérer les contenus haineux sur leurs sites. Elles emploient des modérateurs qui ont quelques secondes pour décider de retirer ou non des contenus signalés par des utilisateurs ou par leurs propres algorithmes. Elles se conforment aussi aux réglementations de chacun des pays dans lesquels elles sont présentes. Par exemple, le premier amendement de la Constitution américaine interdit la glorification de la violence, mais pas la propagation de propos haineux ou racistes, comme c’est le cas en France. Ou enfin, elles peuvent décider de modifier leurs algorithmes d’affichage pour réduire la visibilité de certains contenus sur les fils d’actualité. Mais elles ne peuvent rien contre les nombreuses techniques de contournement que certains internautes maîtrisent bien, comme l’utilisation de mots à la place d’autres. Ni contre le caractère ingérable des volumes de contenus produits chaque jour et qui nécessiteraient des millions de modérateurs supplémentaires. Sans compter que ces derniers sont soumis à des biais et ne peuvent jamais prendre de décisions neutres. Le problème résiderait alors dans le modèle économique de ces plates-formes. Tant qu’il sera construit autour de l’attention des internautes, afin qu’ils visualisent le plus de publicités possible, toutes les techniques de rétention généreront invariablement de l’addiction et de l’agressivité. La solution n’est donc pas à chercher dans la réglementation, comme l’observe l’économiste Joëlle Toledano, autrice de GAFA, reprenons le pouvoir ! (Odile Jacob, 192 pages, 19,90 euros).

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