Au Brésil, Jair Bolsonaro fait une « démonstration de force » en poussant les chefs de l’armée à démissionner
2021-04-01 06:09:09
La démission des principaux commandants militaires survient au moment où le président du Brésil est de plus en plus isolé et impopulaire.
Ils ont décidé de rompre les rangs. Mardi 30 mars, le ministère de la défense brésilien a annoncé le départ collectif des trois principaux chefs de l’armée nationale. Une première dans l’histoire du Brésil, et un nouvel épisode dans la grave crise opposant actuellement Jair Bolsonaro à une partie grandissante de l’élite militaire.
Dans le détail, cette démission tonitruante concerne le commandant de la marine, Ilques Barbosa, celui de l’aéronautique, Antonio Carlos Bermudez, mais d’abord et surtout le puissant chef de l’armée de terre, le général Edson Leal Pujol. Elle constitue une réaction directe au grand remaniement du gouvernement, annoncé lundi 29 mars.
Jair Bolsonaro a alors procédé au changement de six de ses ministres. Parmi les sortants, figurait celui de la défense, Fernando Azevedo e Silva. L’annonce du départ de ce général 4 étoiles, respecté et influent, considéré comme l’une des rares figures pragmatiques du pouvoir de Brasilia, a provoqué la stupeur et la colère d’une grande partie de l’état-major.
Les militaires, qui occupent près de la moitié des portefeuilles du gouvernement, la vice-présidence et quelque 6 000 postes dans les administrations publiques de Brasilia, semblaient pourtant bien intégrés au pouvoir bolsonariste. Difficile, à première vue, de comprendre les raisons exactes ayant provoqué la mise au banc du ministre Azevedo e Silva et des principaux chefs de l’armée.
Rumeurs de coup d’Etat
Et pourtant, voilà longtemps que le feu couve entre les militaires et la présidence. Isolé et de plus en plus impopulaire, « le chef de l’Etat se montrait insatisfait et souhaitait que l’état-major s’implique davantage pour le soutenir publiquement. En poussant tout le monde vers la sortie, il a voulu faire une démonstration de force », décrypte auprès du Monde le général de réserve Paulo Chagas, ancien soutien de Jair Bolsonaro.