Economie : « L’enjeu est de faire demain la course en tête pour vendre sa technologie innovante et imposer ses propres normes au reste du monde »

  • 2021-04-19 21:27:13
En réponse à la pandémie de Covid-19, l’économiste Emmanuel Combe explique dans une tribune au « Monde » qu’il existe pour l’Europe une voie étroite pour une politique de souveraineté qui soit à la fois raisonnable et opérationnelle à court terme. L’idée est d’être le meilleur dans quelques technologies de rupture. Tribune. A l’occasion de la crise due au Covid-19, qui a révélé notre forte dépendance vis-à-vis du reste du monde – que ce soit en termes de masques hier ou de vaccins aujourd’hui –, le mot « souveraineté » a fait son entrée dans le vocabulaire économique. Disons-le d’emblée : cette notion n’appartient pas au registre usuel de l’économiste. Elle relève plutôt du vocabulaire politique : est souverain celui qui exerce son pouvoir sur un territoire sans aucune contrainte extérieure. Si l’on transpose cette notion telle quelle à l’économie, on aboutit à une vision que l’on peut qualifier de « souverainisme » : un pays serait économiquement souverain s’il parvient à être indépendant des autres et à produire tout lui-même. Cette vision conduit à préconiser une forme de protectionnisme généralisé ou, dans une acception moins radicale, une fermeture aux importations. Reposant sur le « mythe du potager », cette approche mène clairement à une impasse : aucun pays ne dispose de toutes les matières premières, de toutes les compétences pour tout faire lui-même. Qui plus est, une telle stratégie serait inefficace économiquement : elle casserait les chaînes de valeur qui permettent de tirer parti des avantages comparatifs de chaque pays et des économies d’échelle. Interventionnisme temporaire et ciblé Enfin, se priver d’importations à bas prix risque de handicaper ses propres exportations, qui incorporent des composants importés. A l’opposé de cette première vision maximaliste, nous trouvons une vision minimaliste qui assimile la souveraineté à la seule richesse d’un pays : est souverain le pays qui dispose d’un fort pouvoir d’achat, lui permettant d’acheter aux autres tout ce qu’il ne produit pas lui-même. Cette vision conduit à préconiser une politique de croissance fondée sur l’ouverture à l’exportation de biens à forte valeur ajoutée, qui permettront en retour d’acheter des importations à faible valeur ajoutée.  

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