En Inde, le parti de Modi perd son pari lors d’importantes élections régionales

  • 2021-05-04 06:59:41
Plus de 175 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes en pleine épidémie de Covid-19. Le BJP de Narendra Modi échoue à s’emparer du Bengale-Occidental, les marxistes sont réélus au Kerala. Les risques inconsidérés qu’il a pris, en pleine flambée épidémique de Covid-19, pour gagner les élections régionales au Bengale-Occidental n’auront servi à rien. Dimanche 2 mai, le premier ministre indien, Narendra Modi, a essuyé une défaite humiliante dans cet Etat peuplé de 96 millions d’habitants, dans l’est du sous-continent. Sa formation nationaliste hindoue, le Parti du peuple indien (BJP), n’a obtenu que 77 sièges sur 292 à l’Assemblée législative de Calcutta. Il y a encore quelques jours, le ministre de l’intérieur, Amit Shah, intime de M. Modi, qui avait, lui aussi, jeté toute son énergie dans la bataille, en tenant meeting devant des foules ne respectant aucun geste barrière pour se protéger du coronavirus, affirmait être certain d’en remporter « au moins 200 ». L’échec est cuisant. En nombre de circonscriptions, le score du BJP est de 30 % inférieur à celui qu’il avait obtenu au Bengale-Occidental lors des élections législatives générales de mai 2019. Surtout, son adversaire principal, le Trinamool Congress de la chef du gouvernement régional sortant, Mamata Banerjee, au pouvoir depuis dix ans, a décroché 48 % des suffrages, un résultat historique. Ce parti de centre gauche, transfuge du Parti du Congrès de la famille Gandhi, contrôle désormais près des trois quarts de l’hémicycle de Calcutta. Berceau communiste Si Narendra Modi avait fait de ce rendez-vous électoral l’un des grands enjeux de son deuxième mandat à la tête de l’Inde, c’est parce que le Bengale-Occidental est l’ancien berceau communiste du pays. Il a été dirigé pendant plus de trente ans par les marxistes et incarnait, aux yeux de la droite au pouvoir à New Delhi, une terre de conquête par excellence. D’une superficie équivalente à celle du Portugal, le Bengale-Occidental est considéré comme la « lumière de l’Inde », la terre des intellectuels, qui a donné naissance à des personnalités de renommée mondiale comme le poète Rabindranath Tagore, qui nourrit la pensée du Mahatma Gandhi dans son combat pour l’indépendance, le moine Swami Vivekananda, qui fit découvrir le yoga à l’Occident, ou le philosophe Sri Aurobindo, inspirateur de la cité utopiste d’Auroville, près de Pondichéry (Tamil Nadu). C’est également de là qu’était originaire Syama Prasad Mukherjee (1901-1953), fondateur du Bharatiya Jana Sangh, l’ancêtre du BJP. « Il est difficile d’interpréter la défaite de Narendra Modi, alors que l’Inde est en plein désastre sanitaire. Le scrutin a été entaché de beaucoup de violence, et la commission électorale chargée de son bon déroulement a eu des agissements contestables, au point d’être accusée de complicité de meurtre par la justice pour avoir maintenu les opérations de vote alors que la deuxième vague de Covid-19 submergeait le pays », observe Gilles Verniers, professeur de sciences politiques à l’université Ashoka.

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