La perspective d’un retour des talibans en Afghanistan embarrasse l’Inde
2021-08-04 15:41:43
New Delhi a évacué son personnel de trois consulats afghans, mais le gouvernement Modi défend toujours la voie diplomatique pour contrer le Pakistan à Kaboul.
La mort du photographe Danish Siddiqui en Afghanistan continue de soulever beaucoup d’émotion en Inde. Originaire de New Delhi, le journaliste, âgé de 38 ans et lauréat, en 2018, du prix Pulitzer, est tombé, le 16 juillet, sous les balles des talibans, alors qu’il couvrait les combats entre les insurgés et les forces de sécurité afghanes près du poste-frontière de Spin Boldak, sur la route reliant Kandahar à la ville pakistanaise de Quetta.
Lundi 2 août, le Kabul Times a corroboré les affirmations du New York Times publiées deux jours plus tôt, selon lesquelles le corps de Danish Siddiqui aurait été remis « gravement mutilé » à la Croix-Rouge, près de douze heures après son décès. D’après le quotidien afghan, qui s’appuie sur des sources officielles indiennes et afghanes, la dépouille de M.
Siddiqui présentait « une douzaine de blessures par balle », ainsi que « des traces de pneu sur le visage et le torse ». Des sévices post-mortem possiblement liés à sa nationalité. L’Inde ayant toujours soutenu le régime de Kaboul, les talibans auraient ainsi adressé un message de claire hostilité à New Delhi.
Si les présidents afghan et américain, Ashraf Ghani et Joe Biden, de même que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ont exprimé publiquement leur profonde tristesse, le premier ministre indien, Narendra Modi, garde pour sa part un silence jugé dans son pays « assourdissant » et « affligeant ». Au point que des voix s’interrogent. Est-ce parce que Danish Siddiqui était musulman ?
Ou parce qu’il avait montré au printemps, par ses clichés, le désastre sanitaire du Covid-19 qui frappait le sous-continent et dont le gouvernement Modi est tenu pour responsable ?