Education : l’Institut Montaigne souligne la frilosité des réformes du quinquennat
2021-08-13 00:41:02
La transformation du recrutement des enseignants en zone d’éducation prioritaire, une promesse du candidat Macron, n’a pas eu lieu, relève le think tank.
A huit mois de l’élection présidentielle, quelles leçons tirer du quinquennat Macron ? L’Institut Montaigne vient de mettre en ligne une série de notes d’analyse qui dressent le bilan des réformes entreprises depuis 2017. En se fondant sur des données déjà existantes et publiques, le think tank néolibéral proche de la Macronie passe au crible les réformes du logement, de la fiscalité, de l’enseignement supérieur ou encore de la politique industrielle de l’actuel président. Sur l’école – un domaine dans lequel l’Institut Montaigne a la réputation de murmurer à l’oreille du ministre –, les résultats à quelques mois de la présidentielle révèlent que les améliorations promises peinent parfois à se faire sentir.
En poste depuis quatre ans – une longévité exceptionnelle à l’hôtel de Rochechouart –, le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a été nommé juste après l’élection d’Emmanuel Macron. Leur mesure-phare est le dédoublement, amorcé dès la rentrée 2017, des classes dites « charnières » en éducation prioritaire (REP + puis REP), les CP, puis les CE1 et les grandes sections de maternelle. L’Institut Montaigne rappelle les premiers effets « encourageants » de cette réforme : la proportion d’élèves en grande difficulté s’est réduite, mais plus fortement en mathématiques qu’en français.
En revanche, la note souligne que, « pour libérer son plein potentiel », la politique de dédoublement des classes « suppose encore un effort significatif de formation des enseignants ». Et de saluer la publication de guides faisant la synthèse des dernières recherches en matière pédagogique. A ceci près que ces « petits livres orange », arrivés dans les classes dès le printemps 2018, ont parfois été mal perçus par les enseignants et les syndicats, qui y ont vu une injonction portant atteinte à la liberté pédagogique des professionnels.
« Réticence du corps enseignant »
L’Institut Montaigne désigne l’une des promesses du candidat Macron qui n’a pas été tenue, celle de transformer le recrutement pour envoyer des enseignants avec au moins trois ans d’ancienneté dans l’éducation prioritaire. Des politiques d’attractivité (notamment sous la forme de primes) ont permis de « stabiliser » les équipes des établissements les plus difficiles. Mais les enseignants les plus jeunes sont toujours envoyés vers les zones jugées les moins attractives. « Le système se prive ainsi d’un levier de rééquilibrage », fait remarquer l’auteur de la note, qui plaide pour renforcer les recrutements sur candidatures – un système de « postes à profil » qui existe déjà mais reste cantonné à des projets spécifiques.