En Afghanistan, les derniers résistants aux taliban ouverts à une négociation sous condition
2021-08-21 05:37:55
Dans la vallée du Panchir, les anciens combattants sont fatigués. Après vingt ans de présence occidentale et la mort de nombre d’entre eux, ils ne peuvent espérer faire poids face aux islamistes.
Seul bout de territoire afghan à échapper encore au pouvoir taliban, la vallée escarpée du Panchir, située à une centaine de kilomètres au nord de Kaboul, concentre tous les regards. Jeudi 19 août, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a lui-même relevé l’existence « d’une résistance armée » dans cette enclave et la présence de combattants réunis derrière l’ex-vice-président afghan Amrullah Saleh, et Ahmad Massoud, fils du fameux commandant Massoud, dit « le Lion du Panchir », tué par Al-Qaida, le 10 septembre 2001.
Cette vallée est restée dans toutes les mémoires pour avoir échappé, entre 1996 et 2001, à toutes les tentatives d’occupation par les talibans, alors que ceux-ci dirigeaient le pays jusqu’à l’intervention américaine.
Vingt ans plus tard, si la situation semble similaire, le rapport de force a pourtant grandement changé. Les talibans sont mieux organisés et plus puissants militairement. Les reclus du Panchir ne bénéficient, cette fois-ci, d’aucun soutien de l’étranger. Les voies d’approvisionnement en matériel et en nourriture sont coupées.
Joint, jeudi, par Le Monde, M. Saleh, né dans le Panchir et chef des services de renseignement afghans de 2004 à 2010, a répondu lors d’un échange audio, le premier accordé depuis la chute du gouvernement afghan, le 15 août. Il a déclaré être prêt à négocier avec le nouveau régime si celui-ci donne « son mot à dire au peuple afghan sur le type d’Etat » qui présidera aux destinées du pays. Il n’a pas précisé ce qu’il attendait des nouveaux maîtres de Kaboul en matière de participation des Afghans aux choix politiques et institutionnels. Les talibans ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils entendaient appliquer la charia et qu’ils mettraient en place un « gouvernement de Dieu ».