« L’école n’est pas “ouverte”, elle est saucissonnée, bâillonnée, entravée »
2022-02-09 06:08:59
Le Collectif des représentants du Conseil des parents des écoles maternelle et élémentaire Rampal, Quartier Belleville
Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, des parents élus d’une école parisienne de l’éducation prioritaire dénoncent les faux-semblants d’une « école ouverte » qui ne veut pas voir les difficultés d’apprentissage des élèves notamment liées au port du masque.
Tribune. Nous, représentants du conseil des parents de nos écoles, prenons la parole, Monsieur le président de la République, pour vous alerter sur une situation qui ne peut plus durer : la dégradation inacceptable de l’éducation de nos enfants, de leurs conditions de vie et notre épuisement en tant que parents.
Plus qu’une parole, c’est un cri. Un cri de colère, un cri d’épuisement, un cri d’au secours. Personne n’est responsable de la crise sanitaire, ni vous ni nous. Ce dont vous êtes, vous, responsable, c’est de la façon de la gérer, en particulier dans les écoles de la République. Vous prétendez faire tout pour maintenir les écoles « ouvertes ». Mais de quelle ouverture parlez-vous ? Les enfants doivent porter des masques toute la journée dès le CP, à des âges où ils apprennent la langue et la phonétique. Le quadrillage des espaces – cour de récréation, cantine, salle de sport – supposé éviter les brassages ruine les projets pédagogiques des enseignants et l’apprentissage si important de la vie en collectif.
Contraints de demeurer dans des espaces réduits et strictement délimités, les enfants de classes différentes ne peuvent plus jouer ensemble. Et les activités se réduisent chaque jour un peu plus : un jour la piscine censée apprendre à nager et prévenir les noyades l’été suivant, un autre les classes découvertes ou les sports d’intérieur, un autre encore les sorties culturelles.
« Où est votre “quoi qu’il en coûte” ? »
Voilà des mois que l’entrée dans l’école de nos enfants nous est interdite : quel meilleur moyen de dégrader la relation parents-enseignants ? Quel meilleur moyen de nous empêcher d’accompagner nos enfants dans les réalisations qu’ils font à l’école ? L’école n’est pas « ouverte », elle est saucissonnée, bâillonnée, entravée.
Cette gestion inacceptable de la crise sanitaire dans les écoles perdure car les enfants sont justement des enfants. Ils ne se plaignent pas. Ils ne s’organisent pas en syndicats. Ils ne font pas grève et ne manifestent pas devant l’Elysée. Faut-il pour autant ignorer leur sort, leur bien-être, leur éducation, leur devenir ?
Malgré le travail exceptionnel fait par les enseignants pour gérer vaille que vaille la situation, ne feignons pas de croire que, sur la durée, toutes ces contraintes n’ont pas un impact sur la qualité des apprentissages de nos enfants, leur épanouissement et leur santé mentale. On pourrait comprendre ces contraintes quelques jours si elles s’accompagnaient d’un véritable effort pour les limiter au maximum. Mais elles durent depuis des mois.