L’existence même du Liban menacée par cette guerre des egos croissante

  • 2024-02-20 03:29:00

L’intensification du conflit régional est alimentée par une guerre des mots qui fait rage alors que les dirigeants extrémistes israéliens battent sans relâche les tambours de la guerre contre le Liban. Le ministre de la Défense Yoav Gallant s’est engagé à intensifier les opérations contre le Hezbollah, avertissant qu’Israël pourrait attaquer à une profondeur de 50 km en direction de « Beyrouth et partout ailleurs ».

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répondu en menaçant que les « missiles de précision » du Hezbollah pourraient cibler n’importe quel endroit, de Kiryat Shmona au nord d’Israël à Eilat au sud. Nasrallah a en outre affirmé : « L’ennemi paiera le prix du sang versé avec son propre sang », et s’est engagé à « intensifier les activités de résistance sur le front de bataille ».

Lors de la Conférence sur la sécurité de Munich la semaine dernière, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a averti que si une solution diplomatique n’était pas trouvée, Israël serait contraint d’agir pour retirer le Hezbollah de la frontière afin de ramener 70 000 Israéliens déplacés dans leurs foyers. « Dans un tel cas, le Liban paiera également un lourd tribut », a-t-il déclaré. Il a omis de mentionner que près de 100 000 Libanais ont également été déplacés par le conflit, un nombre qui augmentera en cas d'invasion israélienne totale. L’économie libanaise, déjà en faillite, a subi des dommages supplémentaires estimés à 1,6 milliard de dollars.

Un sondage publié dans un journal suggère que 71 pour cent des Israéliens souhaitent une opération militaire majeure contre le Liban. Un Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, politiquement mortellement blessé, pourrait avoir du mal à résister à de telles pressions qui constituent une voie illusoire pour reconstruire sa popularité, même si cela serait extrêmement destructeur pour les deux parties, étant donné les énormes arsenaux de missiles du Hezbollah et l’accès d’Israël à l’armement américain illimité.

La trajectoire rapide de cette escalade illustre à quel point de tels cycles de représailles peuvent s’auto-alimenter : Israël a frappé ces derniers jours Nabatieh et Al-Sawana, faisant de nombreuses victimes civiles, et le Hezbollah a riposté en tirant des dizaines de roquettes sur le nord d’Israël. Plus de 170 combattants du Hezbollah figurent parmi les 200 Libanais tués à ce jour.

Cette trajectoire est encore renforcée par les frappes aériennes impitoyables d’Israël contre les actifs mandatés par l’Iran en Syrie, notamment l’assassinat de personnalités dirigeantes de la Garde républicaine. Les paramilitaires alignés sur le Hezbollah ont renforcé leur présence dans le sud-ouest de la Syrie dans le but de garantir qu’Israël combattrait sur un front nord élargi en cas d’éclatement complet du conflit.

De l’avis des faucons militaires israéliens, la chaîne encerclée de mandataires iraniens reliant Beyrouth, Damas, Bagdad et Sanaa oblige Israël à porter un coup contre cette « résistance » accumulée avant qu’elle ne devienne omniprésente. En effet, la guerre directe entre Israël et Téhéran semble avoir déjà commencé, avec une série d’attaques de sabotage dévastatrices contre les infrastructures gazières à travers l’Iran. Israël a par le passé eu recours à de telles tactiques contre les sites militaires et nucléaires iraniens.

Immédiatement après le 7 octobre, seule une vigoureuse intervention diplomatique américaine a dissuadé Netanyahu, assoiffé de vengeance, de porter un coup immédiat et massif au Hezbollah. Avec la récente détérioration des relations entre le Premier ministre et le président américain Joe Biden, la capacité et la volonté de l’Amérique à modérer la politique militaire israélienne sont diminuées. Bien qu’ils soient censés œuvrer pour mettre fin au conflit, les États-Unis se préparent à envoyer de grandes quantités d’armes supplémentaires à Israël.

Les initiatives françaises et américaines pour désamorcer la crise reposent sur la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, c’est-à-dire le retrait du Hezbollah derrière le fleuve Litani. C’est une perspective peu encourageante dans les circonstances actuelles, à moins que le Hezbollah ne se voie proposer des concessions politiques, ce qui serait déstabilisateur pour le Liban ; ou si Israël intervenait militairement pour imposer le retrait du Hezbollah, ce qui entraînerait un bain de sang.

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