Mon idée pour la France : « Libérer l’expérimentation dans l’enseignement public »

  • 2019-03-16 23:25:08
Par Jean-François Boulagnon « Le Monde » a demandé à des contributeurs de tous horizons de proposer, chaque jour, une idée pour changer la France. Selon Jean-François Boulagnon, principal de collège, Il faut promouvoir une vraie politique de l’innovation, en sécurisant les établissements expérimentaux publics. Tribune. Promouvoir l’innovation et la créativité sont devenus des préoccupations internationales dans la conduite des systèmes éducatifs. Leur prise en compte dans le cadre européen, dans celui de l’OCDE, ou encore par l’organisation d’un pilotage national, même dans les pays fédéraux comme les Etats-Unis, attestent de l’acuité de la question. En France, l’innovation scolaire – un terme qu’il faut comprendre comme la recherche de solutions et non le culte de la nouveauté à tout prix – est officiellement encouragée par l’éducation nationale. Pourtant, dans les faits, les établissements expérimentaux, dont les plus anciens ont une quarantaine d’années, se heurtent à de nombreux obstacles : solitude des équipes qui s’y engagent, hostilité d’une partie des hiérarchies ou des autorités, force d’inertie d’un système bureaucratique centralisé, entraves diverses. C’est d’autant plus dommage que ces quelques dizaines d’établissements scolaires sont de véritables laboratoires de recherche, visant à rendre plus efficient le service public d’éducation, améliorer son fonctionnement et proposer des pistes pour l’avenir. Les difficultés multiples qui leur sont faites tissent une toile dans laquelle leur élan est bloqué et leur énergie dispersée. Même les plus anciens et les plus reconnus (collège-lycée expérimental d’Hérouville Saint-Clair, Ecole Decroly, collège Clisthène…) sont parfois menacés. D’autres ont déjà fermé. Ces établissements servent pourtant l’objectif toujours réaffirmé de l’école publique : instruire et éduquer ensemble des élèves différents pour qu’ils apprennent à se respecter et à construire une société solidaire. Par les solutions qu’ils expérimentent, ils se confrontent aux problèmes français que pointent les enquêtes et comparaisons internationales : résultats en deçà des attentes, fort déterminisme social, pourcentage significatif d’élèves en échec (dont certains « décrochent »), perte de confiance et d’estime de soi des élèves, malentendus avec les familles… Espace de liberté et de reconnaissance Un système qui ne préserve pas en son sein des marges de régénération ne se condamne-t-il pas lui-même ? Il faut « aérer » l’institution scolaire et décider enfin d’une vraie politique de l’innovation. En sécurisant en premier lieu les établissements expérimentaux publics qui existent. Ils ont besoin d’un espace de liberté, de reconnaissance et non d’une angoisse permanente sur leur avenir immédiat. Leur action doit bénéficier d’évaluations systémiques – prenant en compte toutes les dimensions de leur projet – mais aussi loyales, suivies et cadrées nationalement, par des équipes venant d’horizons divers (chercheurs, institutionnels, acteurs de terrain,…).   AFP.

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