« Gilets jaunes » : enquête après la blessure d’une manifestante de 73 ans à Nice
2019-03-24 22:36:55
La septuagénaire a heurté un poteau en tombant lors d’une charge de la police. Le rassemblement se trouvait dans un périmètre interdit de la ville.
Une enquête a été ouverte à Nice sur les circonstances dans lesquelles une manifestante septuagénaire a été grièvement blessée, samedi 23 mars, lors d’une charge de la police contre une manifestation de « gilets jaunes ».
Le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, a déclaré qu’il avait ouvert dès samedi après-midi « une enquête classique en recherche des causes des blessures ». « J’ai ordonné la saisie des images vidéo, par ailleurs d’excellente qualité, et fait des réquisitions auprès de l’hôpital Pasteur », a ajouté M. Prêtre qui a aussi fait ausculter Geneviève Legay, 73 ans.
« Elle a été prise en charge par les pompiers avec une qualification d’urgence relative et, à son arrivée à l’hôpital, elle s’est retrouvée avec une appréciation médicale montée d’un cran, qualifiée de pronostic réservé », a-t-il précisé. « Elle a apparemment tapé fort sur un poteau [délimitant le parcours] du tramway. Cela s’est fait dans la phase de dispersion » du rassemblement, qui avait lieu dans un périmètre où les manifestations avaient été interdites, a fait savoir le procureur.
« Les manifestations étaient interdites »
Les pompiers avaient évacué Geneviève Legay consciente malgré son état. Une flaque de sang restait visible au sol provenant d’une blessure au niveau de la tête, avaient pu constater des journalistes de l’AFP. Elle souffre de plusieurs fractures au crâne et d’hématomes sous-duraux, selon l’une de ses filles.
« Quand on se maintient dans une manifestation après les sommations réglementaires pour dire que les gens doivent se disperser, c’est un délit. Pour elle, ce n’est pas si net : là où ça s’est passé, c’était presque en dehors de la place, dans un mouvement confus des forces de l’ordre et des manifestants », a poursuivi le procureur. La ministre de la justice, Nicole Belloubet, s’est aussi interrogée sur les circonstances de l’incident :
« Je trouve tout de même curieux que lorsqu’une manifestation est interdite, comme c’était le cas à Nice, quelqu’un aille absolument avec la volonté de manifester à cet endroit-là. Il y avait quelques périmètres, dans certaines villes, où les manifestations étaient interdites. A la suite de sommations, une personne qui y reste est susceptible de commettre un délit et c’est dans ce cadre là que les événements se sont passés ».
La blessée « dans un état stable »
La famille de Geneviève Legay annonce, par le biais de son avocat Me Arié Alimi, vouloir porter plainte lundi « pour violences volontaires en réunion avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique et sur personne vulnérable ». « La charge de la police a été très violente. Mme Legay, qui est une militante d’Attac, a été très grièvement blessée. Elle est ce matin dans un état stable et pas dans le coma, comme on a pu le craindre », a expliqué l’avocat.
Rappelant que la septuagénaire blessée était la porte-parole de l’association dans les Alpes-Maritimes, Attac a, pour sa part, dénoncé dans un communiqué la « violente charge » des CRS « au cours de laquelle Geneviève est tombée au sol, sa tête heurtant un poteau métallique ».
« L’interdiction par le préfet des manifestations et rassemblements dans une grande partie de Nice est illégitime et ne peut justifier d’utiliser la force contre des citoyennes qui se rassemblent pacifiquement pour exprimer leurs opinions. »
Samedi, la manifestation pour l’acte XIX du mouvement de contestation sociale avait été interdite dans une grande partie de la ville de Nice, le préfet et la mairie craignant des débordements à la veille de l’arrivée du président chinois Xi Jinping qui effectue une visite d’Etat à Monaco, avant un dîner prévu avec Emmanuel Macron dimanche soir à Beaulieu-sur-Mer. Sur les 61 personnes placées en garde à vue samedi après ces manifestations, vingt ont été libérées dimanche matin, a encore précisé le procureur de Nice.
AFP.