Donald Trump a signé le décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan
2019-03-25 23:15:18
Le président des Etats-Unis avait exprimé le souhait, jeudi, de reconnaître l’annexion du Golan syrien, conquis militairement par Israël en 1967.
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a signé, lundi 25 mars, le décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau syrien du Golan, en présence du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, en visite aux Etats-Unis.
En pleine campagne dans son pays, M. Nétanyahou a déclaré qu’Israël « ne renoncerait jamais » à la majeure partie du Golan syrien conquis par l’Etat hébreu lors de la guerre des Six-Jours en 1967, avant de l’annexer en 1981. Une annexion qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. La Syrie a aussitôt dénoncé une « atteinte flagrante » à sa souveraineté, tandis que Moscou dit craindre « une nouvelle vague de tensions » au Proche-Orient.
Le 21 mars, le chef d’Etat américain avait exprimé le souhait de reconnaître l’annexion du Golan syrien : « Après cinquante-deux ans, il est temps pour les Etats-Unis de pleinement reconnaître la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, qui est d’une importance stratégique et sécuritaire critique pour l’Etat d’Israël et la stabilité régionale ! », avait-il publié sur Twitter.
Washington avait préparé le terrain. En novembre, les Etats-Unis avaient, pour la première fois, voté contre une résolution de l’ONU considérant l’annexion israélienne du Golan comme « nulle et non avenue ». C’est le seul pays à avoir voté contre aux côtés d’Israël. Récemment, le 13 mars, lors de la publication de son rapport annuel sur les droits de l’homme dans le monde, le département d’Etat avait acté une rupture sémantique en cessant de désigner le plateau du Golan comme un territoire « occupé » par Israël, lui préférant le terme « contrôlé ».
Gestes de soutienCette décision américaine représente un véritable coup de pouce pour M. Nétanyahou, en campagne pour sa réélection à l’approche des législatives du 9 avril, qui réclame cette reconnaissance avec insistance et se sert de sa relation privilégiée avec Donald Trump comme argument dans la campagne, présentant les gains israéliens comme des succès personnels dont ses concurrents seraient incapables. Lundi, Benjamin Netanyahu s’est réjoui de cette initiative du président américain, estimant qu’Israël n’avait jamais connu meilleur ami.
Depuis son élection, M. Trump a multiplié les gestes de soutien envers Benjamin Nétanyahou. Il a rompu avec le consensus international en vigueur depuis des décennies en reconnaissant, le 6 décembre 2017, Jérusalem comme capitale d’Israël et en annonçant le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv vers Jérusalem – au grand dam des dirigeants palestiniens, qui considèrent la partie orientale de la ville comme la future capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
« Violente attaque »Dans le monde arabe, plusieurs pays ont condamné la décision américaine. A commencer par la Syrie, qui a dénoncé – par la voix d’une source au ministère des affaires étrangères citée par l’agence de presse officielle Sana –, « une violente attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie ». « Trump n’a pas le droit ni l’autorité légale pour légitimer l’occupation » israélienne, a ajouté cette source. Le soutien illimité de Washington à Israël fait des Etats-Unis le « premier ennemi des Arabes », a-t-elle encore affirmé. La Russie, alliée du président syrien Bachar al-Assad, a dit craindre « une nouvelle vague de tensions » au Proche-Orient à la suite de la décision américaine.
Sur Twitter, le chef de l’opposition syrienne, Nasr Hariri, a estimé que la décision américaine allait « provoquer plus de violence et d’instabilité et aurait des répercussions négatives sur les efforts faits en vue de la paix dans la région ».
Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a jugé la décision de M. Trump « nulle et non avenue dans le fond et la forme ». « Légaliser l’occupation est une nouvelle orientation de la politique américaine […]. Si l’occupation est un grand crime, la légitimer est un péché qui n’est pas moins grave », a déclaré M. Aboul Gheit dans un communiqué. Il a ajouté que le rejet de cette politique américaine était une position arabe « unanime », qui sera réaffirmée au prochain sommet de la Ligue arabe, prévu le 31 mars à Tunis.
La reconnaissance par Washington de la souveraineté d’Israël sur le Golan s’apparente à un « cadeau électoral » fait à Benjamin Nétanyahou, « qui est en difficulté avant les élections », a lancé le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, dont les propos étaient retransmis à la télévision.
AFP.