Venezuela : Guaido révoqué de son poste de président du Parlement et déclaré inéligible
2019-03-29 01:51:59
Le leader de l’opposition s’était autoproclamé président par intérim du pays le 23 janvier, et a été reconnu à ce poste par une cinquantaine de pays.
Le président du Parlement vénézuélien, Juan Guaido, également chef de file de l’opposition, a été révoqué de son poste, jeudi 28 mars, ont annoncé les autorités vénézuéliennes. Le principal opposant du président Nicolas Maduro a été en outre déclaré inéligible durant quinze ans pour corruption présumée.
Le contrôleur général de la République, Elvis Amoroso, chargé de veiller à la transparence de l’administration au Venezuela, a décidé d’« interdire l’exercice de toute fonction élective au citoyen [Juan Guaido] pour la durée maximale prévue par la loi », a déclaré ce proche du pouvoir en place à la télévision d’Etat.
Selon M. Amoroso, Juan Guaido ne justifie pas, dans ses déclarations de patrimoine, certaines dépenses réalisées au Venezuela et à l’étranger avec des fonds provenant d’autres pays. « Il a effectué plus de quatre-vingt-onze voyages hors du territoire pour un coût supérieur à 310 millions de bolivars [quelque 94 000 dollars au taux actuel], sans justifier l’origine de ces fonds », a expliqué le contrôleur général. Ce dernier avait annoncé le 11 février l’ouverture d’une enquête visant l’opposant.
« Il n’est pas contrôleur »Dans la foulée, Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président par intérim du pays le 23 janvier et a été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, a rejeté cette sanction lors d’un discours devant ses partisans, affirmant qu’Elvis Amoroso était illégitime. « Il n’est pas contrôleur. Il ne l’est pas (…) et il n’existe pas de sanction d’inéligibilité (…). Le Parlement légitime est le seul ayant le pouvoir de désigner un contrôleur », a déclaré M. Guaido, rappelant qu’Elvis Amoroso avait été nommé à ce poste par l’Assemblée constituante, acquise au pouvoir et qui remplace dans les faits le Parlement.
Dans ce pays où personne ne reconnaît la légitimité de personne, difficile de dire quelles seront les conséquences de cette décision qui vise Juan Guaido, également président du Parlement. Ni s’il va pouvoir continuer à siéger, la sanction étant en théorie d’application immédiate. L’ancien candidat à la présidentielle de 2013 Henrique Capriles avait été sanctionné de la même façon et déclaré inéligible, ce qui l’avait empêché de se présenter par la suite en 2018.
Depuis deux mois, le Venezuela est confronté à la plus grave crise de son histoire avec une économie au ralenti, une monnaie naufragée et des pénuries de tout. Les deux « présidents » rivaux avaient convoqué samedi des rassemblements de leurs partisans, à Caracas « contre le terrorisme » pour M. Maduro, à Barcelona (nord-est) pour Juan Guaido, qui a entamé une tournée du pays destinée, compte-t-il, à le mener « jusqu’à Miraflores », le palais présidentiel.
94 % de la population vit dans la pauvretéDans le pays, la situation humanitaire est de plus en plus critique. Selon un rapport de l’ONU publié jeudi 28 mars, 24 % de la population vénézuélienne, soit 7 millions de personnes, ont besoin d’une aide humanitaire. Selon le document de 45 pages, qui cite des chiffres d’universités vénézuéliennes, plus de 94 % de la population vivait dans la pauvreté en 2018, dont 60 % dans une extrême pauvreté.
Environ 3,7 millions de personnes souffrent de malnutrition, un fléau qui touche 22 % des enfants âgés de moins de cinq ans, selon l’ONU. La consommation de viande et de légumes a chuté entre 2014 et 2017, celle du lait a baissé de 77 %.
Des maladies ont aussi réapparu comme la tuberculose, la diphtérie, la malaria ou l’hépatite A, en raison notamment d’un manque d’accès à de l’eau potable. Le document rappelle qu’environ 5 000 personnes quittent le pays chaque jour. Plus de 3,4 millions de personnes vivent désormais comme réfugiés ou migrants dans des pays voisins, indique le document.
AFP.