Brexit : discussions « constructives » entre May et Corbyn, qui tentent de sortir de l’impasse
2019-04-04 00:00:46
Les discussions devraient se prolonger dans la soirée et de nouveaux entretiens « techniques » se tiendront jeudi.
La première ministre britannique Theresa May et le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn ont dit avoir eu des discussions « constructives » mercredi 3 avril, pour tenter de trouver un compromis permettant au Royaume-Uni de quitter l’Union européenne avec un accord.
« Les deux parties ont fait preuve de souplesse et se sont engagées à mettre fin à l’incertitude actuelle autour du Brexit », a déclaré un porte-parole de la dirigeante conservatrice, précisant que Mme May et M. Corbyn s’étaient mis d’accord sur un programme de travail visant à « protéger l’emploi et la sécurité » des Britanniques. Un porte-parole du Labour a lui aussi jugé « constructifs » les pourparlers. « Il n’y a pas autant d’évolution que j’attendais », a cependant nuancé Jeremy Corbyn, ajoutant que les discussions se poursuivraient jeudi.
Le but de cette rencontre, à l’initiative de Theresa May, est de « trouver une proposition susceptible d’obtenir le soutien de la Chambre des Communes pour permettre au Royaume-Uni de quitter l’UE dès que possible », avait déclaré plus tôt dans la journée un porte-parole.
Mais la tâche s’annonce difficile tant ces deux personnalités ont affiché jusqu’ici des positions diamétralement opposées sur le Brexit, s’écharpant régulièrement à la Chambre des communes.
Sortie du marché unique ou union douanière étroiteLa première ministre défend une sortie du marché unique, pour mettre fin à la liberté de circulation des personnes, et de l’union douanière, pour que le Royaume-Uni mène sa propre politique commerciale. M. Corbyn souhaite, lui, une union douanière étroite et a voté, lundi au Parlement britannique, pour le maintien dans le marché unique.
La dirigeante conservatrice avait tendu la main à son adversaire politique mardi soir et annoncé son intention de demander un nouveau report de la date du Brexit aux dirigeants européens, pour se laisser le temps de convenir d’une solution susceptible d’être enfin acceptée par les députés, qui ont jusqu’ici rejeté tous les scénarios proposés et échouent à trouver une solution alternative commune.
Sa tentative de dialogue de dernière minute lui a attiré les reproches de membres de son gouvernement et de députés de sa majorité partisans d’une rupture nette avec l’UE, qui craignent que cela n’ouvre la voie à un divorce dit « doux », avec le maintien de liens étroits.
Deux démissionsEn désaccord avec la demande de Theresa May de reporter à nouveau la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, Chris Heaton-Harris, secrétaire d’Etat chargé de la préparation d’une sortie sans accord au ministère du Brexit a ainsi annoncé sa démission, mercredi 3 avril. « Je ne peux tout simplement pas soutenir une nouvelle prolongation de l’Article 50, et cela signifie évidemment que je ne peux pas rester au gouvernement », écrit-il dans une lettre à Theresa May, publiée sur Twitter.
« J’ai constamment voté au Parlement pour que nous quittions l’Union européenne le 29 mars. Je crois profondément que nous aurions dû honorer le résultat du référendum de 2016 et partir à cette date. »
En fin de matinée, l’élu conservateur Nigel Adams avait déjà annoncé qu’il renonçait à son poste de ministre chargé du Pays de Galles. « Il semble désormais que votre cabinet et vous-même ayez décidé qu’un accord concocté avec un marxiste qui n’a jamais au cours de sa vie politique fait passer les intérêts britanniques d’abord [Jeremy Corbyn] vaut mieux qu’un “no deal” », explique-t-il. En faisant appel à Corbyn, ajoute-t-il, May commet une « grave erreur », qui aboutira, selon lui, au maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE.
Devant le Parlement européen, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a répété, mercredi, que l’UE n’accorderait aucun délai supplémentaire si le Parlement britannique ne ratifie pas d’ici le 12 avril prochain l’Accord de retrait négocié par les deux parties.
AFP.