Conférence de presse de Macron : vote blanc, référendum, services publics… Ce qu’il faut retenir
2019-04-25 22:47:53
Cinq mois après le début de la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a présenté jeudi lors de sa première conférence de presse une série de mesures issues du grand débat.
Emmanuel Macron donnait jeudi 25 avril sa première conférence de presse – exercice inédit depuis le début de son quinquennat. Une intervention censée apporter ses réponses au grand débat lancé le 15 janvier, pour tenter d’éteindre la crise des « gilets jaunes » et relancer son quinquennat à un mois des élections européennes.
Dans son propos liminaire, M. Macron a estimé que les trois mois du grand débat avaient mis en exergue « un profond sentiment d’injustices fiscale, territoriale, sociale » mais aussi un « sentiment de manque de considération », notamment de la part des « élites, toutes les élites », et lui-même « au premier chef ».
« Est-ce qu’on a fait fausse route ? Je crois tout le contraire », a cependant rapidement prévenu le président. « Les mesures n’ont pas été suffisamment rapides, humaines, radicales, mais je crois profondément qu’elles ont été justes, a-t-il insisté. Les transformations en cours ne doivent pas être arrêtées. » Il a ensuite présenté quatre « grandes orientations pour une nouvelle étape », sur les thèmes de la démocratie et des institutions, de la justice fiscale, du climat et du « projet français ».
Le RIC et le vote blanc écartésNi le RIC (référendum d’initiative citoyenne) ni la reconnaissance du vote blanc, réclamés par les « gilets jaunes », n’ont été retenus par M. Macron à l’issue de ce grand débat. En revanche, il a dit vouloir « aller plus loin sur le référendum d’initiative partagé en simplifiant les règles ». Les seuils pour l’activer seraient ainsi abaissés et l’initiative viendra d’abord des citoyens. Si 1 million d’entre eux (au lieu de 4,7 millions actuellement) soutient une proposition de mesure sous forme de pétition, elle arrivera sur le bureau des Assemblées qui devront s’en saisir. Si elles ne le font pas, la proposition sera soumise à référendum.
Le président a par ailleurs évoqué la mise en place d’une part significative de proportionnelle aux élections législatives – il a évoqué 20 % –, une baisse du nombre de parlementaires (autour de 25 %) et une limitation du nombre de mandats dans le temps. Des idées qui figuraient déjà dans le programme du candidat Macron en 2017, et dans la révision constitutionnelle engagée l’an dernier et qui sera présentée au Parlement « à l’été ».
Plus de fermetures « ni d’hôpitaux ni d’écoles » d’ici à 2022Face aux inquiétudes émises lors du grand débat concernant l’accès aux services publics, Emmanuel Macron a annoncé qu’aucun hôpital, aucune école ne fermerait sans l’accord du maire de la commune d’ici à 2022.
Une réforme de l’administration à venir, vers une suppression de l’ENALe premier ministre, Edouard Philippe, présentera par ailleurs en mai « une profonde réforme de l’administration » destinée à déployer « plus de fonctionnaires sur le terrain » tout en supprimant des postes « en administration centrale ».
Déplorant qu’il n’y ait « plus assez de monde sur le terrain » pour « apporter des solutions », le chef de l’Etat a notamment annoncé la création dans « chaque canton », d’ici à « la fin du quinquennat », d’un « endroit où l’on puisse trouver une solution aux problèmes », baptisé « France services ».
Le président de la République a également annoncé sa volonté de « mettre fin aux grands corps de la fonction publique », car, a-t-il justifié, « nous avons besoin de filières d’excellence, nous n’avons plus besoin de protection à vie ». L’avocat Frédéric Thiriez, ex-président de la Ligue de football professionnel (LFP), sera mandaté pour réfléchir à cette transformation de la haute fonction publique.
Emmanuel Macron a par la suite confirmé son intention de « supprimer, entre autres, l’ENA [Ecole nationale d’administration] » afin de « bâtir quelque chose qui fonctionne mieux ».
Une baisse d’impôts « significative » pour les classes moyennesSur le plan social et économique, Emmanuel Macron a appelé à « travailler davantage » pour financer la baisse d’impôts, notamment celui sur le revenu, qu’il veut « baisser significativement » pour les classes moyennes. Des niches fiscales seront également supprimées pour les entreprises.
Allonger la durée des cotisationsEvoquant tour à tour trois solutions possibles pour permettre de « travailler plus » afin de financer des baisses d’impôts, il s’est dit « pas favorable » à la suppression d’un jour férié et a déclaré « ne pas croire » qu’il faille reculer l’âge légal de la retraite. « Ce sur quoi peut travailler le gouvernement avec le Parlement, c’est de regarder si on peut allonger la période de référence sans bouger l’âge légal pour avoir un système de décote qui incite à travailler davantage, mais sans forcer tout le monde », a-t-il expliqué.
AFP.