Etats-Unis : Bill de Blasio se lance dans la course à la Maison Blanche
2019-05-16 22:35:32
Le maire de New York, à la traîne dans les sondages, est le 23e candidat à l’investiture démocrate pour 2020.
Il est des New-Yorkais qui sont parvenus à se faire élire à la Maison-Blanche : parmi eux, Theodore Roosevelt (1901-1909) et Franklin Roosevelt (1933-1945), qui furent gouverneur de l’Etat, et… Donald Trump. Mais aucun maire de New York n’est parvenu à remporter ce défi.
Rudolf Giuliani, maire lors des attentats du 11 septembre 2001, n’avait pas réussi à emporter la primaire républicaine en 2008. Michael Bloomberg l’a compris, qui a renoncé cet hiver à candidater. Mais l’actuel maire Bill de Blasio a annoncé jeudi 16 mai sa candidature. Il est le vingt-troisième à briguer l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle 2020 et devait s’envoler dès jeudi soir dans l’Iowa, où aura lieu la première primaire (un caucus) en janvier 2020.
Une campagne qui se jouera largement dans les Etats bascule du Midwest. « Donald Trump doit être arrêté », proclame M. de Blasio dans sa vidéo de candidature, qui annonce son programme dès la première seconde : « Il y a plein d’argent dans ce monde, plein d’argent dans ce pays. Il est simplement entre de mauvaises mains ». A gauche toute, comme en témoigne son action en faveur d’un salaire minimum horaire à 15 dollars (13,40 euros) à New York, des congés maladie et de l’assurance maladie. « Il est temps de mettre les travailleurs en premier », proclame le maire. Curieusement, dans cette vidéo, qui dénonce aussi la sortie de l’accord de Paris sur le climat, M. de Blasio met surtout New York en premier, avec exclusivement des images de la ville. Rien sur le reste des Etats-Unis.
« New York le déteste »Cette lancée ne suscite pas que des commentaires positifs. « Il le fait contre l’avis d’un grand nombre de ses proches conseillers, et contre deux siècles d’histoire », écrit le New York Times, ajoutant que M. de Blasio doit « rattraper un retard majeur dans les sondages et les levées de fonds de campagne ». A droite, Donald Trump n’a pas attendu l’annonce officielle pour envoyer un Tweet sarcastique. « Une nouvelle reine de beauté rejoint le groupe des démocrates : Bill de Blasio, de NYC, considéré comme l’un des pires maires des Etats-Unis, est censé faire une annonce aujourd’hui. [Cet homme] est une blague, mais si vous aimez les impôts et la criminalité, il est votre homme. New York le déteste ». Le président a choisi de passer la soirée de jeudi à New York et la nuit à sa Trump Tower de la Cinquième Avenue, ce qui permettra d’occuper l’espace médiatique.
M. De Blasio, 57 ans, n’est pas un maire populaire, encore moins charismatique. Contrairement aux accusations présidentielles, il parvient à maintenir la criminalité à New York à des plus bas historiques tout en réduisant les contrôles au faciès qui, comme par hasard, ne concernaient que les Noirs et les Hispaniques. En revanche, les impôts new-yorkais sont prohibitifs, qui augmentent de moitié l’addition fédérale. C’est encore plus vrai depuis la réforme de Donald Trump (les impôts locaux ne sont plus déductibles de l’impôt fédéral), au point que les riches new-yorkais s’exilent fiscalement en Floride (l’impôt d’Etat sur le revenu y est nul)
M. de Blasio est né d’un père d’origine allemande alcoolique, qui a fini par se suicider. Il a pris le nom de sa mère, d’origine italienne. Ce géant de 1,98 m s’est marié à une Afro-Américaine, Chirlane McCray, avec laquelle il a deux enfants. Comme l’écrit le New York Times, le caractère bi-ethnique de la famille a joué un rôle important dans sa victoire à New York en 2013.
Passé gauchisteDepuis des mois, M. De Blasio multiplie les déplacements dans les Etats ruraux des Etats Unis et croit voir émerger une aube progressiste. Son propos se gauchise au fil des mois, ce qui peut donner un sentiment d’inconstance : après avoir soutenu l’arrivée d’Amazon à New York, séduit à coup de déductions fiscales, il a soudain soutenu la syndication des salariés de l’entreprise de Jeff Bezos, dont il n’avait dit mot auparavant, contribuant au retrait de la firme de Seattle, cet hiver. Le New York Times rappelle que lorsqu’il était étudiant à New York University, il était gauchiste, admiratif des sandinistes du Nicaragua.
M. de Blasio avait senti dès 2015, avant même l’émergence de Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, qu’il y avait un espace à occuper à gauche. Mais ses initiatives politiques n’avaient pas pris et il avait fini par soutenir tardivement la candidature d’Hillary Clinton à la présidentielle.
AFP.