Elections européennes 2019 : Les Républicains dans la tempête, Wauquiez sous pression

  • 2019-05-27 23:45:28
Critiqué dans son camp après les mauvais résultats aux européennes, le chef de file LR a proposé des « états généraux » pour la rentrée. Comme un air de crise chez Les Républicains (LR). Au lendemain des élections européennes qui se sont soldées par une déroute pour le parti – il arrive en quatrième position avec 8,48 % des voix –, la droite est à couteaux tirés et son chef, Laurent Wauquiez, sous forte pression. Le parti a réuni à partir de 18 heures, lundi, son bureau politique, qui promettait d’être orageux. A son ouverture, M. Wauquiez a pris la parole et proposé l’organisation d’« états généraux » qui se dérouleraient « à la rentrée ». Moments au cours desquels il faudra « tout remettre à plat sur les valeurs, le projet, le fonctionnement et la stratégie d’alliance », a-t-il détaillé : « Chaque sensibilité devra pouvoir s’exprimer à cette occasion. L’organisation doit être collégiale. Il faut pouvoir associer tous ceux qui le souhaitent, même ceux qui sont extérieurs aux Républicains. » Pour le patron de LR, les 8,48 % récoltés par la liste LR aux européennes « sont évidemment un choc majeur pour notre famille politique. Nous n’avons pas été capables de parler aux Français, nous avons subi une défaite amère ; il ne s’agit pas de faire semblant sur l’ampleur de la remise en cause que cela représente pour Les Républicains ». Les excuses de BellamySa proposition n’a pas rencontré d’objections, selon son entourage. Quelques participants, dont Eric Woerth et Valérie Pécresse, ont posé la question de « l’incarnation », c’est-à-dire du maintien de M. Wauquiez à la tête du parti, mais en laissant juge l’intéressé. Après ce score historiquement bas, la personne et la stratégie de Laurent Wauquiez sont très fragilisées. Confortablement élu à la tête du parti en décembre 2017, mais critiqué pour sa ligne droitière et sa gouvernance jugée « solitaire », le président d’Auvergne-Rhône-Alpes avait cru limiter la casse en choisissant de placer en tête de liste François-Xavier Bellamy, une option d’abord très critiquée en interne mais soutenue pendant la campagne. Mais aujourd’hui, « le risque, c’est la disparition », a jugé le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau. « C’était un bureau politique en forme de trêve. Chacun a compris que le danger était mortel pour le parti », a expliqué un dirigeant. La tête de liste LR, François-Xavier Bellamy, a quant à lui demandé pardon lors du bureau politique de lundi pour le résultat catastrophique réalisé la veille. « Tout change pour que rien ne change », selon CopéA la sortie du bureau politique, Mme Pécresse a évoqué « une plate-forme commune de la droite et du centre », appelant Gérard Larcher à être un « trait d’union ». Le ton était moins dur que quelques heures auparavant. Dans la matinée, elle était la première à sonner la charge contre M. Wauquiez. Quand RTL lui a demandé lundi matin si, selon elle, le chef de LR devait démissionner, la présidente de la région Ile-de-France a répondu : « Si j’étais à sa place et vu la situation, sans doute je le ferais. » Florence Portelli, l’une des proches soutiens de Mme Pécresse, était allée plus loin. Laurent Wauquiez « ne peut pas rester », et son maintien serait « un déni de réalité », a-t-elle déclaré à L’Obs. « Il faut que tout change pour que rien ne change », a ironisé l’ancien patron du parti Jean-François Copé au sortir du bureau politique. Dans la journée, il avait jugé « intenable » la situation et évoqué un rejet massif des dirigeants du parti. Il avait également rappelé que lui en avait quitté la présidence en 2014, lorsqu’il était mis en cause dans l’affaire Bygmalion. « Prise en étau »Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, a de son côté proposé une « commission de rénovation » qui serait dirigée par Gérard Larcher. Fin de non-recevoir au sommet de LR. « Un modèle façon triumvirat 2014 a déjà prouvé sa nocivité », a réagi un soutien du patron de LR auprès de l’Agence France-Presse, faisant référence à l’organisation trouvée au sommet du parti après le départ de M. Copé. Quatrième, et sous la barre des 10 %, l’héritier du parti gaulliste est à son étiage le plus bas. En dessous des 12,84 % réalisés par Nicolas Sarkozy lors des européennes de 1999, qui avait quitté son poste le lendemain du scrutin. La débâcle est nette dans des bastions de droite. Dans le XVIe arrondissement de Paris, où François Fillon avait réalisé 58,45 % en 2017, LR a rassemblé 24,22 % des suffrages exprimés, contre 46,1 % pour La République en marche. « On a une droite qui est prise en étau, dans l’amplification du big bang électoral de l’élection présidentielle », a relevé le directeur général adjoint de l’IFOP, Frédéric Dabi, sur CNews. « Il y a eu une sorte de vote utile ou efficace d’électeurs de centre droit soutenant Emmanuel Macron et Edouard Philippe. (…) D’un autre côté, malgré la ligne droitière, il y a presque un électeur sur cinq de François Fillon qui a choisi le vote RN. ».

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