France : Le gouvernement craint un regain des tensions sociales à Mayotte

  • 2019-06-20 21:51:48
Une proposition de loi de programmation pour le développement du département ultramarin doit être examinée jeudi à l’Assemblée nationale. Attention terrain glissant. La proposition de loi de programmation pour le rattrapage et le développement durable de Mayotte du député (LR) Mansour Kamardine, qui devait être discutée jeudi 20 juin à l’Assemblée nationale, n’a certes aucune chance d’être adoptée. Pas question pour autant, du côté de l’exécutif et de la majorité, de la traiter avec mépris. La situation sur cet archipel de l’océan Indien de près de 260 000 habitants, devenu département français en 2011, est trop explosive et le souvenir des mouvements sociaux qui l’ont paralysé, au printemps 2018, encore vif. « Le texte ne fera pas l’objet d’une motion de rejet préalable, il sera examiné article par article », assure le ministre chargé des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, qui a reçu lui-même, mardi, son auteur, M. Kamardine. Chose rare, la proposition du député de Mayotte a même été évoquée, mardi matin, au petit déjeuner de la majorité. Consigne donnée : « La traiter avec considération, parce que c’est un appel au secours », même si, ajoute M. Fesneau, « c’est une sorte de contrat de plan qui ne peut pas être réglé par une proposition de loi ». C’est dire l’attention que porte l’exécutif à ne pas provoquer une étincelle dans ce territoire qui menace à tout moment de s’embraser et où Emmanuel Macron devait initialement se rendre en juin, déplacement reporté à l’automne. Un département qui cumule une croissance démographique de 3,8 % par an, où la moitié de la population a moins de 17 ans, où le taux de chômage est de 35 %, où 84 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et où, du fait de l’immigration en provenance notamment des Comores voisines, 48 % de la population est de nationalité étrangère. Tout est insuffisantA la suite des mouvements sociaux du printemps 2018, un important plan d’urgence et de rattrapage – d’un montant de 1,3 milliard d’euros – a été débloqué. Mais, au regard de l’ampleur des problèmes, tout est insuffisant. « On met vraiment le paquet, se défend le gouvernement. On est quand même à 50 % à 60 % de crédits en plus par rapport à la trajectoire précédente. Et les mesures annoncées l’an dernier ne sont pas un point d’aboutissement. » Un contrat de convergence devrait en outre être prochainement signé dans le cadre de l’application de la loi égalité réelle. « Je ne suis pas dans le même couloir que le gouvernement, assure M. Kamardine. Le développement de Mayotte doit reposer sur deux jambes. Le gouvernement a défini la première, je définis la seconde. Il faut assurer un plan d’infrastructures de long terme, associé à un plan de protection de l’environnement. »AFP

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