Un demi-million de personnes ont manifesté dans la ville pour marquer le 22e anniversaire de la rétrocession à la Chine. Des contestataires ont occupé le bâtiment pendant trois heures, avant d’être éloignés par la police.
Alors que quelques milliers de jeunes faisaient le siège depuis le petit matin devant l’entrée des députés au Parlement de Hongkong, le Conseil législatif (ou « Legco »), en ce lundi 1er juillet, 22e anniversaire de la rétrocession du territoire à la Chine, c’est au soir que la situation a basculé.
Certains avaient passé la nuit sur place. Durant des heures, les manifestants ont tenté par tous les moyens de fracturer les grandes baies en verre haute sécurité du bâtiment. A coups de bâtons, de marteaux, de piquets métalliques ou de chariots. Postés à l’intérieur, quelques dizaines de policiers ont observé, sans intervenir, ce casse méticuleux et laborieux qui a duré presque une journée entière.
Soudain, autour de 21 heures, une baie vitrée a cédé et les manifestants sont parvenus à lever un rideau de fer. Des dizaines, probablement ensuite des centaines de tee-shirts noirs coiffés de casques jaunes se sont engouffrés dans l’immeuble, montant dans les étages par les escaliers mécaniques. C’est alors que les couloirs et les grandes salles propres et modernes du Conseil législatif se sont métamorphosés, prenant, en quelques minutes seulement, de choquantes allures de squat, avec graffitis et œufs écrasés aux murs, mobilier renversé, cadres décrochés ou fracassés.
« Régime meurtrier »Les manifestants ont déployé le drapeau d’avant la rétrocession du territoire par le Royaume-Uni et brandi une banderole au-dessus du pupitre du président du Conseil législatif sur laquelle était écrit : « Ce n’est pas une émeute, c’est une tyrannie. » Un jeu de mots sur les caractères chinois, et une référence à la qualification d’« émeutiers » par le chef de la police et la chef de l’exécutif Carrie Lam lors d’une précédente manifestation, le 12 juin, une caractérisation qui avait choqué.
Au mur, l’emblème de la ville, une fleur de bauhinia blanche sur fond rouge, a été tagué à la bombe noire. « Régime meurtrier », pouvait-on lire sur un mur. Les manifestants ont occupé le bâtiment pendant trois heures, avant de s’en retirer et d’être éloignés de la zone par la police qui a fait usage de gaz lacrymogène.
Lors d’une conférence de presse, mardi à l’aube, la chef du gouvernement de Hongkong, Carrie Lam, a condamné l’invasion « extrêmement violente » du Parlement. Evoquant des événements « bouleversants et choquants », elle a dit espérer que la situation « revienne à la normale aussi vite que possible ».
« Ils n’ont plus rien à perdre »Depuis que le gouvernement a présenté un projet de loi d’extradition permettant le transfert de suspects vers la Chine continentale notamment, les opposants au texte ont focalisé leur mobilisation sur le « Legco », afin de bloquer à tout prix son adoption, y compris en empêchant physiquement les députés de se réunir. L’annonce, le 15 juin, de la suspension du projet de loi n’a pas satisfait les manifestants qui réclament son abandon total.
Ces derniers y voient une nouvelle illustration de l’érosion des libertés à la main de la Chine, comme le dénonçait déjà en 2014 le « mouvement des parapluies », trois mois d’occupation des principales artères du centre financier asiatique.
Depuis, une partie de ces militants, constatant qu’ils n’ont pas été entendus, se sont radicalisés dans leur dénonciation des institutions – la chef de l’exécutif et l’organe législatif –, tous deux accusés d’être au service de Pékin. Ils exigent davantage d’autonomie, tandis que le président chinois, Xi Jinping, se montre plus intransigeant que jamais.