« L’impasse dans laquelle Mélenchon se retrouve aujourd’hui résulte de causes historiques »

  • 2019-07-09 08:05:54
Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », analyse l’échec du leader de La France insoumise à mobiliser durablement l’électorat populaire en sa faveur. Chronique. Où est passé le peuple ? Peu enclin à l’autocritique, Jean-Luc Mélenchon a reconnu, dimanche 23 juin, qu’il ne l’avait pas trouvé. « Nous avons le plus grand mal à construire une transversale, une cause commune entre des catégories sociales aussi éclatées et ayant une représentation de leur culture aussi diverse », a avoué le leader de La France insoumise (LFI), tirant les leçons d’un scrutin européen calamiteux pour ses troupes : LFI n’a obtenu que 6,31 % de suffrages exprimés, très loin du score de M. Mélenchon au premier tour de la présidentielle de 2017 (19,58 %). La déception est d’autant plus forte qu’un puissant mouvement social – les « gilets jaunes » – venait de se produire en France. Les « insoumis » l’avaient accompagné de bout en bout dans l’espoir de le récupérer… En vain. Une fois de plus, Marine Le Pen a raflé la mise. La liste du Rassemblement national (RN) a recueilli 40 % des suffrages chez les ouvriers, 27 % chez les employés, alors que ces catégories ont voté pour LFI respectivement à 7 % et 11 %, selon l’enquête Ipsos-Sopra Steria publiée le soir des élections européennes. Et la présidente du RN n’a fait qu’accroître sa suprématie dans un électorat qu’elle avait capté en 2012 et qu’elle a su fidéliser depuis, au point d’y empêcher toute intrusion significative. « Le peuple » de Jean-Luc Mélenchon est, lui, composé d’électeurs ayant un niveau de diplôme plus élevé, surreprésentés dans le secteur public mais beaucoup moins fidèles : un grand nombre est allé pêcher à la ligne le 26 mai, tandis que certains ont préféré voter pour d’autres listes de gauche. L’échec, rude, n’a pas conduit à un changement significatif de stratégie : fidèle à son populisme de gauche, le leader de LFI continue de scinder la société française en deux camps : d’un côté « les oligarques », infime minorité représentant « 1 % » de l’ensemble ; de l’autre « le peuple », soit 99 % des Français mais qui souffre d’être coupé en trois morceaux. « Une fraction est saoulée de misère. Une autre, un peu mieux installée, est folle de peur à l’idée de perdre le peu qu’elle a. A l’autre bout, il y a ces classes sachantes qui, dans le moment, jouissent de revenus suffisants pour vivre et se figurent que tout pourrait s’arranger sans rien changer. » Et voila comment la synthèse à la mode Mélenchon refuse de s’opérer.AFP  

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