Explosifs saisis et contre-manifestation : fébrilité à Hongkong avant une nouvelle journée de contestation
2019-07-20 23:54:38
Plus de 100 000 personnes ont défilé en soutien à la police, samedi, alors que se poursuit la mobilisation populaire dénonçant l’influence de la Chine.
La police de Hongkong a annoncé, samedi 20 juillet, avoir découvert un laboratoire clandestin de fabrication d’explosifs TATP, alors que le territoire à statut spécial est secoué depuis plus d’un mois par des manifestations qui contestent l’influence croissante de Pékin dans l’ex-colonie britannique.
Les autorités ont indiqué avoir arrêté un homme de 27 ans lors d’un raid, vendredi soir, dans un bâtiment industriel du district de Tsuen Wan, quartier situé au centre du territoire rétrocédé par le Royaume-Uni à la Chine en 1997, selon un responsable policier, Alick McWhirter, spécialiste en déminage :
« Nous avons affaire à un laboratoire artisanal pour la fabrication d’explosifs puissants, spécifiquement du TATP [tripéroxyde de triacétone]. C’est un explosif extrêmement instable et puissant, qui peut causer des dégâts exceptionnels ».
Les autorités ont déclaré que deux kilos de cet explosif avaient été découverts au cours de l’opération ; l’équipe de démineurs a procédé à une explosion contrôlée et en prévoyait plusieurs autres.
La police a indiqué avoir saisi lors de son raid un tee-shirt avec le logo du Front national de Hongkong, un groupuscule pro-indépendance, de même que des tracts relatifs aux manifestations antigouvernementales qui agitent le territoire semi-autonome. Le Front national de Hongkong a dit sur Facebook que l’homme arrêté était l’un de ses membres mais a ajouté n’avoir aucune information sur la présence d’explosifs.
Grand rassemblement en soutien aux forces de l’ordreL’annonce de la saisie intervient alors que Hongkong vit depuis six semaines au rythme de manifestations très suivies contre un projet de loi, désormais suspendu, visant à autoriser les extraditions vers la Chine. La contestation s’est depuis élargie à des exigences concernant la préservation des acquis démocratiques et des libertés – en particulier d’expression et l’indépendance de la justice – dont ce territoire jouit, théoriquement, jusqu’en 2047, terme de l’accord de rétrocession.
Emaillée de quelques violences et par la brève intrusion de manifestants, le 1er juillet, dans le Parlement local, la mobilisation doit se poursuivre avec un nouveau rassemblement dans l’après-midi du dimanche 21 juillet. Le cortège devra suivre un parcours raccourci par la police, qui affirme craindre des « troubles à la sécurité publique ». Les bâtiments du gouvernement ont été entourés d’une barrière de près de deux mètres de haut en prévision de la manifestation.
Si les derniers rassemblements figurent parmi les plus importants de l’histoire récente d’Hongkong en termes de mobilisation populaire, une partie de la population déplore les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Samedi, dans un contre-mouvement de la mobilisation prévue dimanche, au moins 103 000 personnes, selon la police (316 000 selon les organisateurs), ont manifesté autour du slogan « Protéger Hongkong » pour exprimer leur soutien à la police et réclamer un arrêt des violences.