A Hongkong, nouvelle manifestation dans un climat tendu

  • 2019-08-03 19:59:12
Le gouvernement chinois a haussé le ton toute la semaine, dans l’espoir de décourager les manifestants pro-démocratie qui défient son autorité. La tension ne retombe pas à Hongkong, et les mises en garde de Pékin ne font qu’attiser la colère des manifestants. Une nouvelle journée de mobilisation, samedi 3 août, s’est soldée par un face-à-face tendu entre les policiers et la foule impressionnante de plusieurs milliers de militants pro-démocratie, mobilisés depuis plusieurs semaines. En début d’après-midi, des centaines de contestataires masqués ont érigé des barricades improvisées pour bloquer plusieurs rues dans la zone commerciale et touristique de Tsim Sha Tsui, près du port. La police a demandé aux manifestants de « cesser leurs actes illégaux » et au public d’éviter cette partie du territoire. Les forces de l’ordre ont ensuite tiré des grenades lacrymogènes contre des manifestants situés devant un commissariat dans le quartier touristique d’Hongkong. Les fonctionnaires rejoignent le mouvementDe semaine en semaine, le climat est de plus en plus tendu entre les militants pro-démocratie et le gouvernement chinois, qui voit dans ces manifestations répétées un signe de défiance et une remise en question de l’unité de son territoire. Pékin et les autorités locales ont d’ailleurs haussé le ton cette semaine, en procédant à des dizaines d’arrestations. L’armée chinoise a annoncé qu’elle serait prête à réprimer les troubles « intolérables » si on le lui demandait. Mais les manifestants sont restés inflexibles et ont promis de tenir plusieurs rassemblements et manifestations tout au long du week-end et de la semaine prochaine. « Plus le gouvernement nous réprimera, et plus nous sortirons jusqu’à ce qu’il réponde à nos revendications », a déclaré Ah Kit, un contestataire de 36 ans. Vendredi soir, les fonctionnaires ont rejoint le mouvement alors que le gouvernement les avait appelés à une « loyauté totale », les menaçant de limogeage s’ils descendaient dans les rues. L’appel n’a que peu dissuadé. Dimanche, ce sont deux marches supplémentaires qui sont prévues, l’une sur l’île de Hongkong et l’autre dans le secteur de Tseung Kwan O. Lundi, une grève générale est appelée dans toute la ville, en plus des rassemblements dans sept localités. Dans le même temps et pour organiser la riposte, des milliers de partisans du gouvernement se sont réunis sur un autre site de Hongkong. Beaucoup agitaient des drapeaux chinois et reprenaient des slogans en soutien à la police. Huit weekend consécutifsLa mégapole du sud de la Chine, qui traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997 par Londres, a déjà connu huit week-ends consécutifs de manifestations massives, souvent suivis d’affrontements entre de petits groupes radicaux et les forces de l’ordre. La crise a démarré il y a deux mois, lorsque l’opposition s’est insurgée contre un projet de loi permettant les extraditions vers la Chine continentale. Le texte a été suspendu, mais le mouvement s’est élargi pour contester le recul des libertés dans l’ex-colonie britannique et exiger des réformes démocratiques. En vertu du principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession de Hongkong par la Grande-Bretagne, la ville jouit jusqu’en 2047 de libertés inconnues dans le reste du pays. Mais de plus en plus de voix s’inquiètent de voir Pékin bafouer cet accord. Les protestataires réclament la démission de la chef de l’exécutif, Carrie Lam, et une enquête indépendante sur la stratégie policière, l’amnistie des manifestants incarcérés, le retrait pur et simple du projet de loi et le droit de pouvoir élire leurs dirigeants.

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