En Afrique du Sud, le vide s’installe à la tête de l’Etat

  • 2019-09-15 13:02:54
Le président Cyril Ramaphosa est otage des luttes de clans au sein de l’ANC, le parti autrefois tout-puissant. Il est revenu, au mois de juillet, à l’ambassadeur de Chine en Afrique du Sud de dire crûment les choses. Lin Songtian, qui a été auparavant responsable des affaires africaines au ministère des affaires étrangères, à Pékin, donnant une inhabituelle interview à l’agence Reuters, avait déclaré : « [Le président sud-africain] Cyril Ramaphosa est la dernière chance de ce pays. » Ce faisant, il n’exprimait pas son enthousiasme pour l’actuel chef de l’Etat, mais signalait les craintes suscitées par la possibilité que ce dernier puisse ne pas accomplir son mandat jusqu’au bout, vaincu par une faction du pouvoir fidèle à l’ex-président Jacob Zuma. Ce risque est pris au sérieux par de multiples sources proches du pouvoir, dans les milieux d’affaires comme au sein de l’élite politique d’Afrique du Sud. Le constat est simple : au cœur de ce pouvoir, la bataille des factions fait rage, et elle est en train de fragiliser les institutions sud-africaines. A terme, elle menace aussi de préparer le terrain pour une mise en minorité du chef de l’Etat au sein des instances dirigeantes de son propre parti. Cyril Ramaphosa, qui a constitué une faction autour de lui, pouvait compter sur la moitié du « top 6 », le groupe des principaux dirigeants de l’ANC, et sur près de la moitié des 200 membres du Conseil national exécutif (NEC, le « comité central » du parti), ou encore du Comité national de travail (NWC), une structure réunissant les responsables deses différents organes. Mais dans chacune de ces instances, alors qu’il est arrivé au pouvoir en février 2018, il n’est pas parvenu à se tailler une majorité nette, et doit donc composer avec les fidèles de Jacob Zuma. A la tête de ces derniers, le secrétaire général de l’ANC, Ace Magashule, est la figure la plus visible, avec son adjointe, Jessie Duarte. Mais leurs alliés sont présents à tous les niveaux de l’Etat, unis, pour beaucoup, par la peur de voir leurs détournements de l’ère Zuma finir devant la justice. Le camp des pro-Ramaphosa, à l’inverse, semble vaciller. Certains de ses piliers, comme Paul Mashatile, le trésorier général, ou le vice-président, David Mabuza, semblent désormais attendre la suite. Dans le cas d’une destitution organisée au sein des instances de l’ANC, ce dernier serait appelé à remplacer le président.

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