Malgré les scandales, l’extrême droite autrichienne compte bien rester au pouvoir
2019-09-17 17:01:15
Il n’a pas fait le déplacement, mais il était dans toutes les têtes et dans tous les discours. L’ancien chef du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite), Heinz-Christian
Strache, fût le fantôme du congrès du parti organisé, samedi 14 septembre, à Graz, pour tourner la page du « scandale Ibiza », du nom de l’île où l’ex-vice-chancelier s’est laissé filmer à l’été 2017 en train d’accepter de l’argent de ce qu’il pensait être une oligarque russe proche de Vladimir Poutine. Publiée en mai dernier, la vidéo a conduit à la chute du gouvernement de coalition que le FPÖ formait avec les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz, à la démission de M. Strache et à la convocation d’élections anticipées prévues dimanche 29 septembre.
Pour ce scrutin, M. Strache a été remplacé au pied levé par un autre cadre du parti, Norbert Hofer, un ingénieur aéronautique au discours un peu plus policé, qui avait été à quelques milliers de voix de remporter l’élection présidentielle de 2016 face à un écologiste, Alexander van der Bellen. Seul candidat à la tête du parti, M. Hofer a été essentiellement élu avec un objectif qui fait office de seul programme de campagne : rester au pouvoir en coalition avec les conservateurs. « Nous avons traversé une phase difficile, mais nous sommes de retour », a clamé le nouveau chef de l’extrême droite autrichienne, avant de se lancer dans un savant exercice d’équilibrisme consistant à tourner la page Strache, sans critiquer un ex-dirigeant qui reste très populaire au sein du parti.
« Tu as réussi beaucoup et je sais combien ces heures ont été difficiles pour toi », s’est-il adressé à celui qui s’était abstenu de venir à Graz, tout comme sa femme, alors qu’elle est candidate à une place éligible sur les listes du parti. Sans jamais condamner les propos tenus dans une vidéo qu’il a qualifiée de « piège fomenté par des criminels, des escrocs », M. Hofer a estimé que le parti peut s’incarner dans « beaucoup de visages », manière d’avertir M. Strache qu’un retour à la tête du parti semble exclu.
« Electorat très stable »Cette posture permet au FPÖ d’espérer ne pas trop souffrir dans les urnes. Bien qu’une autre affaire – la nomination contestée d’un proche de M. Strache dans une société de casinos – a agité l’été, les sondages lui donnent autour de 20 % des voix. C’est moins qu’aux législatives de 2017 où M. Strache avait obtenu 26 %, mais c’est loin d’être un effondrement.