« Ça fait mal que ça soit l’un des nôtres » : choc et tristesse après l’attaque à la Préfecture de police de Paris
2019-10-04 14:46:25
Beaucoup d’agents redoutaient de voir la Préfecture de police tanguer après la tuerie qui a fait quatre victimes.
Quel contraste entre les mines déterminées mais réjouies aperçues la veille dans les rues de Paris et celles, défaites et inquiètes, qui ornaient les visages des policiers de la Préfecture de police (PP), jeudi 3 octobre.
Quelques heures après la tuerie qui a frappé au cœur cet emblème du pouvoir, faisant quatre victimes plus l’auteur des meurtres, lui-même abattu, les fonctionnaires n’en revenaient toujours pas d’avoir été attaqués ainsi de l’intérieur. « Ça fait mal que ça soit l’un des nôtres, hier on était tous ensemble pour défiler, et aujourd’hui il y a ce massacre… ça va être très dur à digérer », soufflait un agent de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), la plus grande des directions de la Préfecture, qui déplore la perte d’une fonctionnaire dans l’attaque.
Des milliers de policiers, dont beaucoup issus de la Préfecture, s’étaient en effet retrouvés la veille pour une marche de protestation contre la dureté de leurs conditions de travail, la réforme des retraites à venir, et le drame humain et social que représente la vague de 52 suicides au sein de la profession depuis le début de l’année. Le succès symbolique de la mobilisation (27 000 personnes, selon les syndicats) qui avait réuni tous les corps (commissaires, officiers, gardiens de la paix, agents administratifs, techniques et scientifiques) était encore dans toutes les têtes au moment de cette attaque à l’arme blanche.
« C’est malheureusement un fait divers »Quelques heures après, les organisations professionnelles tentaient de faire la part des choses. « Ce drame purement humain, qui n’a rien à voir avec notre métier, aurait pu se produire dans n’importe quelle entreprise », soulignait dans un communiqué Yves Lefebvre, le secrétaire général d’Unité SGP Police-FO, majoritaire au sein du ministère de l’intérieur. « C’est malheureusement un fait divers », renchérissait sur BFM-TV Jean-Marc Bailleul, le secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure, majoritaire chez les officiers.
Au sein des rangs de la police nationale, on spéculait sur le profil de l’assaillant dans des boucles de messages internes, notamment au vu de son appartenance à la prestigieuse et secrète direction du renseignement de la Préfecture de police (DRPP). Mais c’est surtout la tristesse pour les collègues morts, dont trois membres de ce même service, qui l’emportait dans les échanges. Et l’inquiétude sur les conséquences. Si les fonctionnaires aiment à éreinter la toute-puissance de la « PP », habituellement qualifiée d’« Etat dans l’Etat » – surtout par ceux qui n’en sont pas –, beaucoup redoutaient jeudi de voir le navire amiral tanguer.
Les services directement touchés ont reçu, vendredi 4 octobre au matin, une visite de soutien du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, et de son secrétaire d’Etat, Laurent Nunez. Les deux membres du gouvernement se sont rendus auparavant au chevet de la fonctionnaire blessée, toujours en observation à l’hôpital militaire Percy à Clamart (Hauts-de-Seine). Un moment de recueillement devait être observé au sein de l’institution, au cours de la journée.