Hongkong paralysée par la crise, la chef de l’exécutif condamne les « émeutiers »
2019-10-05 18:38:35
La crise hongkongaise n’en finit pas de s’aggraver et les appels au calme de la chef de l’exécutif n’y font rien. Des centaines de manifestants prodémocratie défiaient, samedi 5 octobre, les autorités hongkongaises en défilant avec un masque sur le visage, en dépit de l’interdiction qui a provoqué une nuit de violences à travers le territoire semi-autonome.
Des manifestants, presque tous le visage dissimulé sous un masque, ont participé samedi après-midi à un rassemblement non autorisé dans le quartier très commerçant de Causeway Bay. Ils entendaient ainsi braver l’interdiction de manifester avec un masque et prouver leur capacité à se mobiliser alors que tous les métros de la ville sont à l’arrêt.
La chef de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a dénoncé samedi les actions commises par des « émeutiers masqués » et assuré que la population était « effrayée » à l’issue d’« une nuit très sombre pour Hongkong ». Dans son message, diffusé au moment où des centaines de manifestants défilaient, elle a invité la population à prendre ses distances avec les manifestants les plus radicaux.
Le gouvernement hongkongais a interdit vendredi après-midi le port du masque lors des manifestations, invoquant des dispositions d’urgence datant de 1922, auxquelles il n’avait plus été recouru ces cinquante-deux dernières années.
Des interpellationsCette mesure, destinée à mettre fin à quatre mois d’une contestation sans précédent contre la mainmise de Pékin sur l’ex-colonie britannique a au contraire mis le feu aux poudres.
A peine quelques heures après son annonce, des actions de protestation ont éclaté un peu partout. Des heurts se sont produits entre police et manifestants. Des contestataires radicaux ont saccagé des dizaines de stations de métro, vandalisé des commerces prochinois, allumé des feux et bloqué des routes.
Des policiers — dont beaucoup avaient le visage couvert et ne portaient pas de numéro d’identification — ont été vus menottant un homme qui portait un masque dans le district commerçant de Central, samedi en fin d’après-midi. Un jeune homme et une jeune femme avec des masques ont été interpellés.
Après la vandalisation de stations de métro, l’opérateur public MTR a annoncé samedi que le trafic était suspendu sur tout le réseau. La Bourse a, elle, fortement chuté à l’annonce de la mesure.
Gestion de crise par la forceL’interdiction du port de masques confirme l’intention du gouvernement de continuer de gérer la crise politique par la force et la répression plutôt que par le compromis et le dialogue, comme Carrie Lam l’a pourtant proposé le 4 septembre, en annonçant le retrait du projet de loi sur les extraditions. Avant même de savoir si la loi « antimasque » allait être adoptée, les manifestants avaient annoncé une « Journée masque pour tous », appelant tous les Hongkongais à en porter vendredi.
Il était également question d’avoir recours à la même procédure d’urgence pour allonger la durée des gardes à vue de quarante-huit à quatre-vingt-dix heures pour faire face aux arrestations massives, près de 1 900 depuis le début du mouvement. L’idée d’un couvre-feu circule également. Carrie Lam a écarté la possibilité de démissionner, estimant de « son devoir » de gérer la crise.
Celle-ci a démarré à la suite de la présentation d’une loi facilitant les extraditions vers la Chine, au début de juin. Le projet de loi controversé devrait être formellement retiré par le Parlement dès sa rentrée.