Au Mexique, la libération forcée d’un fils d’« El Chapo » embarrasse le gouvernement
2019-10-20 11:09:55
A la suite de l’arrestation d’Ovidio Guzman Lopez, des affrontements à l’arme lourde entre les membres du cartel de Sinaloa et les forces de l’ordre ont fait huit morts, dont un passant, jeudi.
La polémique ne cessait d’enfler au Mexique au lendemain de la libération, jeudi 17 octobre, d’un des fils du célèbre narcotrafiquant Joaquin Guzman, alias « El Chapo », après son interpellation à Culiacan, capitale de l’Etat de Sinaloa (Nord-Ouest) et fief de son cartel. « La capture d’un criminel ne vaut pas plus que la vie des gens », a justifié, vendredi matin, le président Andres Manuel Lopez Obrador (surnommé « AMLO »), face aux réactions mafieuses ultraviolentes qui ont mis la ville à feu et à sang.
Tirs fournis de mitrailleuses, barrages de véhicules en flammes, cadavres sur le bitume… Le chaos a envahi, jeudi après-midi, les rues de cette agglomération de 700 000 habitants. Les vidéos, diffusées par des témoins sur les réseaux sociaux, révèlent l’intensité des affrontements à l’arme lourde entre les membres du cartel de Sinaloa et les forces de l’ordre. Des scènes de guérilla urbaine qui ont fait huit morts, dont un passant.
Cette réplique musclée à l’arrestation d’Ovidio Guzman Lopez, un des neuf enfants d’« El Chapo », condamné en juillet à la prison à perpétuité aux Etats-Unis, a provoqué durant six heures un vent de panique au sein de la population de Culiacan.
« L’opération a été mal préparée », a regretté le ministre de la défense, Luis Cresencio Sandoval. Jeudi à 14 h 45 (heure locale), une trentaine de policiers, de militaires et de gardes nationaux prenaient d’assaut une maison de Culiacan, où se trouvait M. Guzman Lopez, 29 ans, alias « El Raton (la souris) », en compagnie de trois proches.
« On a été dépassé »Fils de la seconde épouse d’« El Chapo », cet héritier a repris avec plusieurs de ses frères les rênes du cartel de Sinaloa. « Nos hommes n’ont pas attendu l’ordre de perquisitionner, a déploré M. Sandoval. Ils ont improvisé, sans en mesurer les conséquences. » Le ministre a raconté que des dizaines de narcotrafiquants les ont encerclés et pris pour cible. Dans la foulée, ils incendiaient des bus et des camions pour bloquer dix-neuf axes routiers de la ville. Quarante-neuf détenus profitaient alors de la confusion pour s’évader de la prison de Culiacan.
« On a été dépassé », a reconnu M. Sandoval, qui a confié que des militaires avaient été enlevés puis libérés par les narcotrafiquants. Ces derniers ont aussi attaqué une résidence où logent les familles des soldats. « Nous avons alors donné l’ordre à nos hommes de se retirer de la maison », a-t-il expliqué, reconnaissant à demi-mot avoir libéré M. Guzman. La veille, le ministre de la sécurité publique, Alfonso Durazo, avait assuré que le fils d’« El Chapo » avait été arrêté par hasard au cours d’une patrouille de routine. Mais le lendemain, le président Lopez Obrador l’a contredit en révélant l’opération montée à la suite du mandat d’arrêt motivé par une demande d’extradition d’Ovidio Guzman, émis par le gouvernement américain.