Brexit : le chantage aux élections de Boris Johnson pour sortir de l’impasse
2019-10-25 09:12:52
Il a proposé d’organiser des législatives le 12 décembre, mais a besoin du soutien des travaillistes, qui sont divisés et attendent le verdict des Européens sur un report.
Brexitland est en train de virer à Absurdland… Jeudi 24 octobre, dans un nouveau mouvement aussi tactique qu’improbable, Boris Johnson a renoncé officiellement à son Brexit pour Halloween – le 31 octobre – mais a proposé aux députés des élections à Noël. Il espère sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve à nouveau, la résistance à son accord décroché la semaine dernière à Bruxelles s’organisant progressivement à Westminster.
Avec une offre en forme de chantage aux députés, M. Johnson a dit bien vouloir « être raisonnable » et leur donner plus de temps pour examiner son « excellent » accord avec Bruxelles, à condition qu’ils soutiennent sa demande d’élections générales le 12 décembre : « Il est vraiment temps que l’opposition se confronte au jugement de nos patrons, les citoyens britanniques. » Les élus doivent se prononcer sur ce scrutin lundi 28 octobre.
Accepteront-ils de relever le gant ? Car depuis le « Fixed-term Parliaments Act » de 2011, il ne suffit pas au premier ministre britannique de décréter des élections générales pour qu’elles aient lieu. Cette loi, prévue à l’époque pour consolider le gouvernement de coalition entre libéraux-démocrates et conservateurs, impose une majorité qualifiée deux tiers des voix à la Chambre des communes pour déclencher une élection législative anticipée. Il faut donc à M. Johnson réunir 434 voix. Dans ce contexte, les suffrages des travaillistes, deuxième force politique à Westminster, sont indispensables.
« Attendons »Or Jeremy Corbyn a refusé de répondre par l’affirmative, jeudi soir. Il ne soutiendra de nouvelles élections que si le risque de « no deal » est totalement évacué, a t-il affirmé. « Attendons la décision des Européens, demain », a dit en substance le leader travailliste au micro de la BBC. Ces derniers doivent décider dans les jours qui viennent d’un report du Brexit. Le premier ministre britannique leur a réclamé le week-end dernier un décalage au 31 janvier 2020, contraint par la loi Benn, anti-« no deal ».
La France insistait jusqu’à présent sur un report plus court. Quelle sera sa position, après l’annonce de M. Johnson, mais la rebuffade de son adversaire ? La décision d’un report se prend à l’unanimité des Vingt-Sept. « Nous serons capables de prendre des décisions, si les élections ne sont pas juste désirées mais annoncées, organisées », a dit Amélie de Montchalin, secrétaire d’Etat aux affaires européennes jeudi soir. Paris préférerait attendre le vote de lundi sur l’élection générale pour trancher.