« L’Europe face à une renaissance britannique »

  • 2019-10-30 13:59:37
Au Royaume-Uni, avec l’arrivée comme premier ministre de Boris Johnson, les travaux des économistes ou des think tanks tant conservateurs que progressistes s’attachent désormais à explorer les politiques économiques alternatives qui pourraient assurer la prospérité du royaume malgré le Brexit. Depuis l’annonce du référendum sur la sortie de l’Union européenne (UE), les experts britanniques s’étaient concentrés sur la construction des scénarios de Brexit et leurs conséquences économiques. Tous aboutissaient à un impact négatif de court terme – et même de long terme – significatif, mais son ampleur variait selon les hypothèses retenues. L’arrivée comme premier ministre de Boris Johnson a marqué un tournant.Même si l’UE a accepté officiellement un nouveau report du Brexit au 31 janvier 2020, les contours de celui-ci se précisent. Les travaux des économistes ou des think tanks tant conservateurs que progressistes s’attachent désormais à explorer les politiques économiques alternatives qui pourraient assurer la prospérité du royaume malgré le Brexit. Le National Institute for Social and Economic Research va ainsi publier dans les prochains jours un vaste panorama d’une centaine de propositions d’un panel d’experts d’horizons variés (y compris le chef économiste de la banque Lehman Brothers au moment de sa chute). Qu’elles soient sociales ou néolibérales, ces propositions reposent souvent sur deux piliers. Premièrement, diagnostic d’une importante marge d’amélioration pour la productivité du travail outre-Manche qui est actuellement à un niveau faible. Même en corrigeant de biais (mesure différente de la durée du travail), les Britanniques sont au minimum 10 % moins productifs que les Allemands, et surtout que les Français, qui évoluent dans une économie de services. Plus précisément, le Grand Londres fait mieux que le Grand Paris, mais le reste du royaume demeure très loin de la frontière productive de la province hexagonale. S’endetter est rentableLe second pilier commun à de nombreuses propositions est de profiter d’une période prolongée d’abondance de liquidité, de taux d’intérêt nuls pour recourir à l’endettement. Le raisonnement est simple. Si les dépenses et investissements permettent à la Grande-Bretagne d’améliorer ses performances productives et donc sa croissance, alors leur rendement est strictement positif : s’endetter est rentable. Dans cette double perspective, l’investissement global en infrastructures pourrait monter à 3,5 points du PIB (soit de l’ordre d’un point de plus que le niveau français actuel). D’ailleurs, parmi les rares projets de loi dans le domaine économique listés dans le discours de la reine écrit par Johnson figure la construction de nouvelles lignes de train à grande vitesse. Paradoxalement, le fait que le royaume ait des infrastructures anciennes ou insuffisantes se transformerait en avantage : il est nécessaire de les renouveler et ces projets peuvent être conçus dans une stratégie de décarbonation de l’économie outre-Manche. Celle-ci serait encore dopée par des subventions à la recherche et développement et la création de chaînes d’approvisionnement domestique (facilitée par la sortie de l’Union).

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