Terrorisme : quatre ans après le 13-Novembre, la France face à une menace en profonde mutation

  • 2019-11-13 12:04:14
L’Hexagone reste une cible de valeur pour des milliers de combattants étrangers de l’EI en liberté depuis l’effondrement du « califat ». Plusieurs indicateurs montrent que le risque entre dans une nouvelle phase. Un cycle s’achève, un autre démarre. Quatre ans après les attentats du 13 novembre 2015, qui ont causé la mort de 130 personnes et fait plus de 350 blessés à Paris et à Saint-Denis, la menace terroriste est en train d’entrer dans une nouvelle phase, selon divers indicateurs que Le Monde a pu recouper auprès de plusieurs sources sécuritaires. Cette analyse, développée depuis plusieurs mois, est très liée aux évolutions dans la zone irako-syrienne. A commencer par le retrait des troupes américaines et la mort du chef historique de l’organisation Etat islamique (EI), Abou Bakr Al-Baghdadi, le 26 octobre. Le retour d’une menace « importée » Alors que, en 2015, la France avait brutalement réalisé sa vulnérabilité face à une menace « projetée » de cellules organisées à l’étranger dans les rangs de l’EI, les années qui ont suivi, c’est plutôt un terrorisme « endogène » – intérieure au territoire français –, isolé, imprévisible, qui était redouté. Aujourd’hui, la donne est à nouveau en train de changer. En pratique, la vague de départs de jeunes Français pour le djihad s’est pratiquement tarie. Seul le départ d’une jeune femme a été constaté en 2019. A l’inverse, des retours s’opèrent. Certains se font sous le contrôle des autorités. Douze Français ont ainsi été rapatriés depuis le début de l’année par l’intermédiaire des autorités turques, sans compter les quatre femmes et leurs enfants qu’Ankara a annoncé, le 11 novembre, vouloir renvoyer à Paris. D’autres retours plus discrets sont à craindre. En 2015, les kamikazes du commando du 13-Novembre étaient tous entrés en Europe en suivant la route des migrants transitant par la Turquie. Depuis, l’accord euro-turc de 2016 bloquait en grande partie cet accès. Mais aujourd’hui, le pouvoir turc est moins enclin à jouer les gardes-frontières. Son entrée en guerre frontale contre les Kurdes en Syrie a, en outre, eu l’effet d’un grand coup de pied dans la fourmilière djihadiste. Or, on estime entre 7 000 et 9 000 le nombre de combattants étrangers de l’EI en liberté depuis l’effondrement du « califat ». Parmi eux, de nombreux francophones tunisiens, marocains et algériens pour qui la France demeure l’objet de rancœurs et une cible de bien plus haute valeur que leur pays d’origine.    

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