La Grèce veut enfermer les demandeurs d’asile sur les îles de la mer Egée

  • 2019-11-23 16:16:48
Le gouvernement grec envisage de remplacer les camps de réception sur les îles du nord de la mer Egée par des centres fermés. Une décision qui inquiète les ONG et les autorités locales. La « fin de Moria », le plus grand camp d’Europe à Lesbos rendu tristement célèbre pour ces conditions de vie insalubres, annoncée par le gouvernement conservateur grec, n’a pas été saluée par les ONG. Au contraire. Athènes prévoit la création de centres fermés pour les demandeurs d’asile sur les îles de Lesbos, Samos et Chios, à la place des camps existants. Les structures fermées que le gouvernement veut créer ne permettront pas aux demandeurs d’asile de se déplacer sur les îles, d’avoir des contacts avec les communautés locales tant que l’examen de leur demande ne sera pas terminé. Réfectoires, écoles, lieux de cultes, tout est prévu sur les plans pour que les exilés ne sortent pas de leur camp. Cette décision est « tout simplement scandaleuse, a réagi Amnesty International. Il s’agit en réalité de créer des prisons modernes avec des conditions de vie inhumaines ». Selon le Conseil grec des réfugiés, « la détention généralisée et sans distinction enfreint le droit international », qui indique qu’elle ne peut être appliquée « qu’en dernier ressort ». « Tous les nouveaux arrivants – y compris les familles avec enfants, les personnes qui appartiennent à des groupes vulnérables – vont être automatiquement et sans distinction mis en détention dont la durée peut aller jusqu’à trente-six mois, d’après la nouvelle législation (votée fin octobre) », s’indigne l’ONG. Depuis son élection en juillet, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a été pris de court par la recrudescence des arrivées sur les cinq îles de la mer Egée disposant de centres de réception et d’identification (Lesbos, Samos, Chios, Kos, Leros) – 40 000 en seulement quatre mois. Le but du gouvernement conservateur est d’examiner de manière accélérée les demandes (500 personnes dans les services d’asile vont être embauchées). Il souhaite renvoyer près de 10 000 déboutés de l’asile en Turquie, tout en transférant rapidement vers le continent ceux qui ont obtenu leur statut de réfugié. Objectif peu clair « La Turquie doit faire plus. La récente augmentation des flux de migrants et réfugiés en mer Egée est intolérable », a lancé, jeudi 21 novembre, le chef du gouvernement grec depuis Zagreb où se tenait le congrès du Parti populaire européen. Il s’en est pris à l’Union européenne, vendredi, qui a refusé de prendre en charge entre les Etats-membres quelque 3 000 enfants mineurs non accompagnés (sur les 4 000 présents en Grèce) : « Malheureusement, j’ai le regret de dire que la réponse n’a pas été positive et cela ne rend pas justice à l’Europe. »

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