La Corée du Sud accorde un sursis à l’accord de partage de renseignements militaires conclu avec le Japon
2019-11-23 16:22:49
Séoul et Tokyo, dont les relations se sont dégradées sur des questions commerciales et mémorielles, font l’objet de pressions de la part des Etats-Unis pour trouver une issue.
Le GSOMIA entre le Japon et la Corée du Sud est prolongé in extremis, un sursis obtenu sous forte pression américaine. A quelques heures de l’expiration, samedi 23 novembre à minuit, de cet accord d’échanges de renseignements militaires, Séoul a annoncé en fin de journée, vendredi 22 novembre, une suspension « sous conditions » de sa date butoir.
Conclu en 2016 par les deux voisins, ce cadre de coopération est également ardemment défendu par Washington, qui le considère comme un élément clé de la coopération en matière de défense avec Tokyo et Séoul. Le sursis a été annoncé par le directeur adjoint du bureau de la sécurité nationale de la présidence sud-coréenne, Kim You-geun, qui a précisé qu’il pouvait être levé à tout moment.
Le revirement de Séoul – alors que l’accord semblait condamné – s’expliquerait par une concession de Tokyo, qui aurait accepté de reprendre les négociations sur le renforcement du contrôle des exportations vers la Corée du Sud. Ce contrôle portant sur des produits indispensables à la fabrication de microprocesseurs a été imposé en juillet par Tokyo. C’est en représailles à cette mesure que Séoul a décidé, en août, de sortir du GSOMIA. La Corée du Sud avait dans le même temps déposé un recours à ce sujet contre le Japon auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce recours est également suspendu, a précisé M. Kim.
Rencontres bilatérales
La décision sud-coréenne a été bien accueillie par le département d’Etat américain, qui y a vu un « message positif montrant que des alliés aux vues similaires peuvent coopérer au-delà des différends ». Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a évoqué une « décision prise selon des considérations stratégiques ». « Le report donne plus de temps à Séoul et à Tokyo pour trouver un compromis. Séoul évite de dégrader un peu plus la situation et de perdre la confiance des États-Unis », estime Park Won-gon, politologue à l’université Handong, à Pohang (Corée du Sud).
Les relations entre Japonais et Sud-Coréens se dégradent depuis octobre 2018, date à laquelle la cour suprême sud-coréenne a condamné des entreprises nippones à dédommager des travailleurs forcés coréens pendant la guerre. Tokyo a très vivement réagi, affirmant que cette question était réglée depuis l’accord bilatéral de 1965. L’escalade a abouti à l’annonce sud-coréenne de la fin du GSOMIA.
Depuis, sous forte pression américaine, des efforts sont consentis pour trouver une solution. Plusieurs rencontres bilatérales ont eu lieu, dont un bref entretien – le premier depuis onze mois - le 4 novembre, entre le Shinzo Abe et le président sud-coréen, Moon Jae-in.