Le barrage Belo Monte, au Brésil, « monument au gaspillage et à la folie », met en marche sa dernière turbine
2019-11-30 20:02:55
La dernière turbine de cette centrale, structure mastodonte sur un affluent de l’Amazone, dont le chantier avait démarré sous Lula, a été inaugurée à la va-vite par le président Jair Bolsonaro.
Il a fallu des décennies d’études et onze ans de travaux pour construire Belo Monte, le quatrième plus important barrage au monde en pleine forêt amazonienne. Pourtant, mercredi 27 novembre, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a expédié son inauguration en quelques minutes et en silence. Difficile en effet de tresser les louanges d’une réalisation qui ne tient aucune de ses promesses et que Felicio Pontes, le procureur régional de la République, chargé de Belo Monte, décrit aujourd’hui comme « un monument au gaspillage et à la folie ».
Le barrage, qu’on appelle localement « Belo Monstro », est en effet un gouffre financier estimé à 10 milliards d’euros et financé à plus de 80 % par l’argent public. Censé produire 11 000 mégawatts (MW) d’énergie avec une dix-huitième turbine mise en service cette semaine, il n’a jusqu’à ce jour, pas produit plus de 4 571 mégawatts en moyenne par an depuis 2016. Un piètre résultat que le concessionnaire, Norte Energia, a fini par reconnaître, malgré les démentis réitérés de son équipe de communication.
Ce serait en effet donner raison aux dizaines d’études scientifiques et techniques qui avertissent depuis des années de la non-rentabilité du mastodonte. Le projet d’origine de Belo Monte dans les années 70 était bien différent : il comprenait six barrages qui allaient inonder 20 000 km2 de terres pour produire 11 000 MW d’électricité. C’est contre ce chantier que le chef indien Raoni s’était levé, aidé à l’étranger par le chanteur Sting.